En route pour Edoras (quête triviale, PV Aelin)

Sujet: En route pour Edoras (quête triviale, PV Aelin) Jeu 5 Jan 2023 - 14:44

Comme cela m'arrivait souvent ces temps-ci, j'étais à nouveau à cours de certains ingrédients un peu difficiles à trouver et les commandes s'entassaient sur ma table de travail. J'avais du mal à comprendre pourquoi les femmes nobles consommaient autant de produits aphrodisiaques. Bien que la question me dépassât totalement, il fallait bien se décider à refaire le plein de marchandises. Or, je connaissais quelqu'un à Edoras qui tenait une boutique où l'on pouvait trouver tout un tas de végétaux divers et variés, dont ceux qui me manquaient. Après l'avoir contacté par lettre j'avais appris qu'il ne comptait pas venir à Minas Tirith avant au moins trois mois. Cela n'allait pas du tout. Je ne pouvais accepter un tel délai. Par conséquent, j'avais résolu de m'y rendre moi même en me joignant à une caravane marchande en partance pour Edoras. Puisque j'étais dans les petits papiers de la noblesse -comment ça, j'en faisais partie ? Effectivement, mais j'avais tendance à l'oublier- j'avais pu sans peine trouver des financements lorsque j'avais mentionné le but de ma visite. L'un de mes patrons m'avait même dotée d'une escorte en plus de ma servante qui me suivait toujours partout, et j'appréciais cette attention, quoi que j'estimais ne pas vraiment en avoir besoin. Ce n'était pas la première fois que j'allais là bas, après tout. Mon dernier voyage ne datait pas tant !Cependant, je n'étais pas du genre à faire des histoires et il m'importait seulement de partir comme je l'avais prévu.

Le matin du départ, j'attendais la jeune femme qui devait m'accompagner tandis que ma servante se chargeait de terminer les préparatifs de notre voyage : ranger les bagages dans le chariot, vérifier que tout était bien arrimé... Pour ma part je m'étais prise d'un intérêt soudain pour un papillon qui s'était posé sur un muret près de la cariole et j'étais d'ailleurs fort occupée à le croquer dans un carnet. Je n'avais cure du décorum, et m'étais accroupie sur les pavés pour pouvoir être à mon aise, mes jupons tout froissés s'encrassant dans la poussière et la terre de la route. Cela ne m'inquiétait pas outre mesure, et ne choqua personne d'autre : j'étais connue comme le loup blanc et tous ceux qui se trouvaient à portée de vue me qualifieraient probablement de "drôle de fille". Rien de nouveau sous le soleil. Nous avions encore une petite heure avant le départ et je n'avais aucune crainte que l'on prisse la route sans nous, puisque notre présence assurait un revenu supplémentaire bienvenue au gestionnaire de la caravane. Je pouvais donc assouvir mes envies artistiques sans que rien ne vint perturber mon interlude créatif.

Mon père m'avait aidé pour mon départ de Minas Anor, connue aussi sous son nom de Minas Tirith. En effet, il avait appris par ses relations que l'on cherchait une personne pour escorter une herboriste renommée de la capitale, dame Gunelle. Après en avoir discuté avec moi, il s'était arrangé pour que je puisse obtenir ce petit travail, qui me permettrait de voyager avec une petite caravane marchande et même de gagner un petit pécule. En effet, j'avais bien peu d'argent à moi, car ma famille est pauvre et j'ai refusé que ma mère me donne une part des économies familiales, préférant que mes parents les gardent pour les coups durs. Les Valars savent que la vie n'est pas toujours facilé.

Je traversais donc les rues étroites de la cité, gagnant rapidement, car notre famille vie derrière la seconde porte, la petite place où la carriole du marchand attend les personnes qui iront avec lui. De ce que Père m'avait dit, il y aura deux autres gardes, plus expérimentés probablement, avec nous mais Père m'avait dit de faire attention : c'était certainement des mercenaires et seront donc plus motivés à protéger le marchand et son chariot, quitte à délaisser les passagers. Pour ma part, je savais me défendre et je pensais, naïvement peut-être, que je saurais me défendre au besoin.

Arrivant au niveau du véhicule, je tombais sur une servante qui m'indiqua sa maîtresse, en train d'observer un papillon, et de le dessiner si je ne me trompe pas. Connaissant la tendance de ce genre d'artiste, par expérience personnelle vue que mon frère en est un et que j'ai été son cobaye à plus d'une reprise, je m'approchais d'elle par derrière et j'attendis tranquillement qu'elle finisse son dessin. Je n'étais pas pressée, le départ ne se fera pas avant au moins trois quart d'heure.

Quand elle me remarqua, je m'inclinais avec politesse, me présentant à elle.

"Ma dame, je suis Aelin Asator, fille d'Eadren, votre escorte pour ce voyage."

M'exprimais-je sur un ton normal, sans être ni hautain ni condescendant. Après tout, même si je vais être à son servir quelques temps, elle est de la noblesse comme moi. Bon, peut-être est-elle au courant pour la vile trahison de grand-père et le déchéance de ma famille mais cela ne change pas qui je suis, ni que je suis loyale au Gondor et à notre souverain ni que je suis fière de mon rang..

Lorsque je terminai enfin mon croquis, je remarquai qu'une jeune femme attendait patiemment derrière moi que je finisse. C'était bien aimable de sa part et je lui souris lorsqu'elle se présenta :

"Ma dame, je suis Aelin Asator, fille d'Eadren, votre escorte pour ce voyage."

Elle avait l'air aimable. Etant pour ma part parfaitement indifférente aux questions politiques et aux familles des uns et des autres, je n'avais cure de ce que son père avait bien pu faire. Si j'avais appris une chose au cours de mon service à la cour, c'était que tout le monde avait du linge plus ou moins sale caché quelque part... Certains étaient simplement plus doués pour le cacher que d'autres. Je m'inclinai un peu gauchement, le soulèvement de mes jupes révélant leur état fort crotté.

"Enchantée de faire votre connaissance. Je vous en prie appellez moi Gunelle. Nous allons passer des jours ensemble et je n'ai pas vraiment l'habitude des ronds de jambe."

Non pas qu'on me traitât de façon irrespectueuse au palais, mais je faisais quasiment partie des meubles et ceux qui ne requerraient pas mes services avaient tendance à oublier que j'étais une invitée et non une domestique. C'était à mon avantage, puisque je ne me faisais ainsi pas ennuyer pour participer aux évènements officiels. J'examinai rapidement mon interlocutrice, manifestement plongée dans mes pensées. Puis, je hélai ma servante :

"Amy ? Qu'en dites-vous, bleu ou rose ? Jaune peut être ? Ou bien blanc. "

Celle-ci ne préféra pas se prononcer et se contenta de hausser les épaules. Je demandai donc directement à l'intéressée :

"Quelle est votre couleur favorite ?"

Ma servante leva les yeux au ciel, me connaissant suffisamment pour savoir où je voulais en venir.

"Enchantée de faire votre connaissance. Je vous en prie appelez moi Gunelle. Nous allons passer des jours ensemble et je n'ai pas vraiment l'habitude des ronds de jambe."

"Bien, dame euh pardon, Gunelle."

Ce n'était pas une question de faire des ronds de jambe mais de la simple politesse. Après tout, je travaillais pour elle maintenant, et j'avais bien vu qu'il fallait garder un minimum de distance entre un employeur et une employée, même si cette relation est temporaire. J'étais donc un peu surprise par l'attitude de Gunelle, même si cela ne me dérangeais pas de l'appeler par son prénom. Après tout, socialement, on est d'un rang proche, me semble-t-il.

"Amy ? Qu'en dites-vous, bleu ou rose ? Jaune peut être ? Ou bien blanc ?" Dit dame Gunelle à sa servante, avant de se tourner vers moi et d'ajouter, "Quelle est votre couleur favorite ?"

Donc la servante s'appelait Amy. Je tâchais de le retenir mais sans trop comprendre de la raison de ce questionnement sur les couleurs. Mais mon frère disait qu'un artiste se doit d'être un peu excentrique, surtout quand il voulait faire passer un caprice. Je décidais intérieurement que ce devait être cela.

"Je dirais le bleu mais un bleu foncé et non celui du ciel."

J'aime beaucoup de couleur, le jaune et rose de ma famille, par exemple, le vert de la nature. Le blanc et le violet aussi sont de belles couleurs, comme le orange.. Bref, il n'y a pas de couleur que je déteste vraiment et quand à avoir une préférence, là maintenant, je pense que c'est plus au bleu nuit. J'entendis, derrière nous, le marchand héler notre duo, nous dire que la petite caravane va bientôt partir. Je restais toutefois près de ma cliente, vu que c'est elle que je dois protéger d'abord même si, au fond de moi, j'étais impatiente qu'on se mette en route.

Bleu foncé ? Bleu nuit, bleu roi, indigo peut être ?

"Bon choix." Approuvai-je simplement juste avant qu'on nous indique que la caravane allait partir.

Je montai tranquillement à l'avant de mon chariot, tandis qu'Amy montait à l'arrière. Elle fouilla quelques instants dans nos sacs avant de me tendre une grosse pelote de laine bleu roi. C'était une chance que j'aie emporté celle ci parmi la dizaine de pelotes que j'avais choisies pour le trajet. Après m'avoir tendu mon crochet, ma servante s'installa sous la toile sur l'un de nos sacs. Nous n'avions pas échangé un mot, si ce n'est un sourire de remerciement : nous vivions en permanence l'une avec l'autre depuis des années et nous évoluions dans une sorte de synergie qui nous était confortable. Elle rabattit sa coiffure sur son visage pour rester dans l'ombre et pouvoir faire une sieste. Tout en débutant mon ouvrage, je commençais à jacasser à l'adresse de mon nouveau garde du corps :

"Vous êtes déjà allée à Edoras ? C'est vraiment charmant, j'ai apprécié notre dernière visite."

Le convoi se mit tranquillement en marche et je poursuivis d'un air distrait, tout en comptant mes mailles :

"J'envisage de me payer une jument lorsque nous y serons. Leurs montures sont fort réputées et je dois avouer que je me lasse de devoir composer avec les chevaux que les palefreniers veulent bien me prêter. Ce doit être bien plus commode et plus agréable d'avoir un cheval à soi, qu'en pensez vous ?"

J'avais emporté une bourse replète, ainsi qu'un fond secret dissimulé dans un faux fond de l'une des malles, autrement remplie de sous vêtements et d'articles de toilette. J'avais toujours eu des moyens qui me permettaient de vivre confortablement, mais ma situation au palais et le bénéfice que je retirais de mes remèdes et produits cosmétiques m'assurait un confort financier qui aurait pu faire des envieux, si je m'en étais vantée. Je ne doutais donc aucunement de pouvoir acquérir un animal de qualité sur place.

Nous nous trouvions un peu en retrait du milieu de la caravane, mais résolument pas vers l'arrière. J'appréciais cette situation car elle était confortable et sécuritaire. Sans compter que nous entendions les échos de conversations enjouées des uns et des autres. A l'arrières, quelqu'un protestait de n'être pas mieux placé. Quelques animaux de bât fermaient la marche, chargés de diverses marchandises qui n'avaient pas pu être rangées dans les chariots. Quelques soldats ou mercenaires encadraient le convoi, bien que cette route soit généralement assez sûre. On n'était jamais à l'abri de rencontrer des brigands, surtout de nuit.

"Bon choix"

Bon choix ? Décidément, je ne comprenais pas du tout ce qui se passait. Vu la réaction de sa suivante, dame Gunelle avait une idée en tête mais j'étais bien incapable de pouvoir deviner laquelle. Je la suivis jusqu'à la carriolle dans laquelle nous voyagerons, montant par l'arrière et posant ma besace dans un coin. Il contient peu de chose : une tenue plus civile, une couverture pour les nuits fraîches, un peigne, deux mouchoirs, une pierre à aiguiser, un chiffon pour l'entretien de ma lame et une gourde d'eau. Ce que j'ai considéré comme le minimum vital, en somme. De toute façon, elle ne peut contenir guère plus.

Je m'installe à côté de mes affaires, le dos contre la paroi du véhicule. Cela me fait un peu bizarre de voyager ainsi mais je pense que je m'y ferais, même si le confort laisse complètement à désirer. Comme je n'ai rien à payer, je ne vais pas de même plaindre, en plus.

"Vous êtes déjà allée à Edoras ? C'est vraiment charmant, j'ai apprécié notre dernière visite."

"Non, jamais. C'est la première fois que je me rend au Rohan," dis-je en secouant légèrement la tête.

Je savais des choses sur ce peuple de cavaliers mais pas assez pour savoir à quoi m'attendre. La seule certitude était leur alliance avec mon royaume et donc qu'on devait pouvoir se fier à eux comme à un gondorien. Leur culture était bien sur différente, décadente avais-je même surpris certains nobles dire à leur sujet, bien avant que grand-père ne soit découvert. Pour ma part, je n'en savais rien et je comptais profiter de ce premier voyage pour me faire ma propre idée sur eux.

"J'envisage de me payer une jument lorsque nous y serons. Leurs montures sont fort réputées et je dois avouer que je me lasse de devoir composer avec les chevaux que les palefreniers veulent bien me prêter. Ce doit être bien plus commode et plus agréable d'avoir un cheval à soi, qu'en pensez vous ?"

"Il est certain que posséder sa propre monture a ses avantages, surtout pour quelqu'un qui voyage beaucoup, ou simplement par amour de l'équitation. Et il est vrai qu'on ne dit que du bien des chevaux du Rohan mais aussi qu'ils n'en vendent que rarement. J'espère qu'ils vous feront l'honneur de ce privilège."

Je répondis en la regardant débuter une oeuvre. Je me demande ce qu'elle envisage de faire, avant de laisser tomber, vu que je le découvrirais tôt ou tard. Mais je comprend un peu la raison : le voyage va durer longuement et il n'y a pas grand chose à faire. Père m'a prévenu de cela, bien sur, et discuter est un bon moyen de faire passer le temps, comme de regarder le paysage et rêvasser.

J'aurais admiré mon propre talent de compter les mailles tout en discutant si je n'avais pas été aussi occupée à maintenir un niveau d'attention correct.

"Non, jamais. C'est la première fois que je me rend au Rohan,"

Ce n'était pas vraiment surprenant en soi, elle avait l'air jeune. D'autant plus avec des classes d'armes, elle ne devait pas avoir eu beaucoup de temps pour voyager.

"Il est certain que posséder sa propre monture a ses avantages, surtout pour quelqu'un qui voyage beaucoup, ou simplement par amour de l'équitation. Et il est vrai qu'on ne dit que du bien des chevaux du Rohan mais aussi qu'ils n'en vendent que rarement. J'espère qu'ils vous feront l'honneur de ce privilège."
-J'espère aussi ! m'exclamai-je en riant. Cependant j'ai des arguments en ma faveur et j'ai bon espoir de voir mon rêve se réaliser. "

Je tirai légèrement la langue dans ma concentration tandis que j'examinai d'un oeil critique mon interlocutrice. Il ne s'agissait pas de se tromper sur les tailles. J'ajoutai quelques mailles et refermai mon premier tour, avant de passer au deuxième. J'avais bien des passe-temps, mais le crochet était l'un des plus commodes en voyage. Cela devait faire l'affaire.

"J'apprécie les cavaliers du Rohan. Je n'ai fréquenté qu'une majorité de roturiers, mais ils se sont toujours montrés aimables et de bonne volonté. Probablement moins pédants que les gondoriens."

J'ajoutai à voix basse :

"Ce qui n'est pas une mauvaise chose, vous pouvez m'en croire."

Je lui adressai un clin d'œil, et ma servante pouffa de rire. Elle n'ignorait pas mon opinion des gondoriens haut placés. Plus j'en fréquentais, plus elle se confirmait. J'étais bien plus à l'aise avec les petites gens, ou la petite noblesse. J'embrayai pendant quelques temps sur les merveilles d'Edoras, sur l'architecture, la gastronomie locale, le palais...

"D'ailleurs j'ai entendu dire que le roi et la reine ont accueilli un enfant l'an dernier. Il me plairait de lui offrir un présent, s'ils le veulent bien. J'adore les enfants, il n'y a rien de plus innocent et pur au monde. Enfin, si, les animaux, mais je ne comparerais pas un bambin à un lapin..."

Je levai les yeux au ciel un instant, distraite à cette pensée. Le fil de ma réflexion s'égara de plus en plus et j'interrompis mon discours, occupée comme je l'étais à réfléchir à bien d'autres choses. Mon crochet s'interrompit au beau milieu d'un point et mon regard divagua un moment avant que je ne revinsse à ce que j'étais en train de faire au départ. Je papillonnai un instant avant de demander :

"Pardonnez moi, je ne sais plus ce que je disais.
-Le parallèle entre les bébés et les animaux." marmonna Amy sans esquisser un geste, habituée à mes égarements.
-Ah oui, certes. Les bébés. Je dois bien admettre que j'en ai connu peu moi même mais je pense que ce soit être un évènement de taille pour un royaume. Et pour une famille aussi, d'ailleurs. Je pense que mon père mourrait d'un malaise cardiaque si d'aventure je venais à avoir un enfant. Mariée ou non, d'ailleurs."

J'avais servi plusieurs fois de sage femme au palais, mais ces occasions ne m'avaient guère laissé le temps d'admirer les nouveaux nés. C'était bien dommage, car je débattais encore en moi même pour comprendre comment ces petits êtres pouvaient être un aussi parfait mélange de laideur et de mignonnerie. Cela n'avait guère de sens.

J'espère aussi ! s'exclama-t-elle en riant. Cependant j'ai des arguments en ma faveur et j'ai bon espoir de voir mon rêve se réaliser. "

Je souris poliment à dame Gunelle en l'écoutant avant d détourner mon regard vers l'extérieur. J'eus quand même la possibilité de voir son air concentré sur moi. Là, j'eus un déclic et je finis par me demander -craindre ?- si elle n'était pas en train de me tricoter quelque chose. Ce n'était pas nécessairement utile, surtout que j'allais avoir du mal à le ranger dans ma sacoche. Enfin, elle risquait de se méprendre sur ma taille, si elle le faisait au simple jugé. Après tout, même si c'est une armure légère, elle ne permet pas nécessairement de donner un bon aperçu de mes mensurations. A moins qu'elle ne pense corriger cela le soir, comme je ne vais pas dormir avec ? C'est possible, oui.

"J'apprécie les cavaliers du Rohan. Je n'ai fréquenté qu'une majorité de roturiers, mais ils se sont toujours montrés aimables et de bonne volonté. Probablement moins pédants que les gondoriens.Ce qui n'est pas une mauvaise chose, vous pouvez m'en croire."

Je hochais poliment la tête, n'ayant pas son expérience pour pouvoir en juger par moi-même. Si j'avais un reproche à faire sur notre peuple, c'était qu'il se montrait parfois injuste, notamment à la façon dont il a fait payer à mes parents la trahison de grand-père. J'ignorais ce que ce dernier pensait de cette condamnation mais j'estime tout de même que nous châtier pour cela, alors que nous n'avions rien à voir avec et que mes parents étaient aussi scandalisés que n'importe qui par cet acte criminel démontrait bien qu'ils n'avaient rien à se reprocher.

Hélas, comme dit mon père, la Loi n'est pas toujours juste mais il faut la respecter, car sinon c'est l'Ennemi qui en sera le seul bénéficiaire.

"D'ailleurs j'ai entendu dire que le roi et la reine ont accueilli un enfant l'an dernier. Il me plairait de lui offrir un présent, s'ils le veulent bien. J'adore les enfants, il n'y a rien de plus innocent et pur au monde. Enfin, si, les animaux, mais je ne comparerais pas un bambin à un lapin..."

Je regardais un peu Gunelle en remarquant qu'elle s'arrêtait en plein milieu d'une phrase. Un coup d'oeil à sa suivante me fit comprendre que c'était habituel de la part de sa maîtresse. C'était donc une dame très singulière mais ce n'était pas méchant, je trouve. Elle est juste extrêmement excentrique mais elle doit être d'une bonne famille ou bien mariée, à moins qu'elle ne soit très douée dans son métier, pour être si richement dotée. Enfin, ce n'est pas mon soucis. Mère, Père et ses amis m'ont démontré que la vraie noblesse, celle du coeur, n'a rien à voir avec celle de la naissance, et dame Gunelle semble l'avoir.

Ah oui, certes. Les bébés, finit-elle après s'être excusée de son absence. Je dois bien admettre que j'en ai connu peu moi même mais je pense que ce soit être un évènement de taille pour un royaume. Et pour une famille aussi, d'ailleurs. Je pense que mon père mourrait d'un malaise cardiaque si d'aventure je venais à avoir un enfant. Mariée ou non, d'ailleurs."

Je ne pus retenir une petite moue quand elle dit cela, de façon passagère. Certes, je ne connaissais pas son père mais une part de moi espère quand même qu'il sera ravis d'avoir au moins un petit-enfant. En tout cas, même s'ils ne l'ont jamais dis, je sais que mes parents le seront, eux, et qu'ils espèrent bien que mon frère et moi devenions parents à notre tour, un jour ou l'autre. Pour ma part, je ne sais pas si j'étais prête pour cela, mentalement. Je savais seulement qu'il faudra bien que je me mari un jour, mais avec qui, là reste la question.

"Pour ma part, je pense que l'adoption ou la naissance dans une famille royale doit toujours être célébrée, même si cela arrive dans un pays ami. Et je pense qu'ils accepteront volontier votre présent. Je regrette seulement de ne pas avoir su cela et de n'avoir rien à offrir."

Mais peut-être pourrais-je y travailler pendant le trajet ? En empruntant une dague, je pourrais fabriquer une petite flûte si je trouve une branche adéquate, par exemple ? Je ne sais pas, il faudrait que j'y réfléchisse. Après, oui, il était normal que je ne sois pas au courant : ma famille ne fréquentant plus la noblesse, il faut davantage de temps pour que ce genre d'information arrive à notre hauteur dans l'échelle sociale. Mais bref, cela me fera des choses à dire à mes parents à mon retour !

En tout cas, je laissais dame Gunelle à son tricot, comme elle semblait s'y concentrer davantage mais aussi parce qu'on croisa une patrouille de soldats, et que j'en saluais deux que je connaissais, les remerciant de leurs souhaits que nous fassions un bon voyage. Je tournais mes yeux pour regarder la fière et imposante Minas Anor. J'espérais que ce premier voyage ne soit pas un désastre mais l'avenir le dira.

Après avoir rassuré la jeune femme sur le fait que probablement peu de gens se souciaient de ça, étant donné que l'enfant avait probablement déjà fêté son premier anniversaire, Gunelle changea de sujet, bondissant parfois d'un thème à un autre sans qu'on y pusse comprendre le lien entre deux sujets. Elle ignora complètement le passage d'une troupe de soldats, occupée à discuter botanique avec sa servante, avec un peu d'aide de la part du conducteur du chariot. Au bout d'un moment, elle finit par se terre, concentrée dans la confection de son ouvrage qui consistait en une sorte de large anneau, dont la longueur ne cessait de croître. Il aurait été bien ardu de deviner de quoi il pouvait bien savoir en l'état.

Plus tard dans la journée, une troupe de ce qui semblait être des mercenaires rejoignit votre caravane par l'arrière, et leur chef s'entretint avec le meneur de votre groupe. Celui-ci sembla argumenter un moment et le ton monta entre les deux hommes. Le groupe de mercenaires finit par dépasser le convoi, leurs visages indiquant clairement leur mécontentement. Il s'éloignèrent à bride abattue et il se murmura bientôt dans la caravane qu'il s'agissait d'hommes qui souhaitaient se faire embaucher pour la protection des chariots. Le meneur de caravane avait refusé leur aide, soucieux d'ajouter des frais à une expédition d'ordinaire plutôt sécurisée. Le chef des mercenaires l'avait plutôt mal pris et on se demandait à présent si l'on devait s'attendre à ce que ces hommes leur tendent une embuscade plus loin sur le chemin. On demanda alors des volontaires pour servir d'éclaireurs, afin de s'assurer que le trajet se passerait sans encombres.

La journée s'avança et l'on arriva à la fin de la matinée. Trouver de quoi s'occuper n'était pas si évident, et je devais reconnaître que l'idée de dame Gunelle avait l'avantage d'être plus distrayant que de regarder le paysage. Je devrais songer à trouver une activité de ce genre, moi aussi. Finalement, le seul moment qui fut intéressant, c'était le passage de ce groupe de combattants, des mercenaires visiblement, qui échouèrent à se faire embaucher par le chef de la caravane. Je pouvais comprendre leur colère mais je la trouvais un peu déplacé : on était peut-être suffisamment protégé pour avoir besoin de ce genre d'aide, ni les moyens de les acheter. Sans compter qu'ils auraient pu se proposer avant qu'on ne parte, par simple politesse.

Toutefois, le patron de la caravane s'inquiéta de la possibilité d'une vengeance, d'une embuscade. Il fit savoir qu'il cherchait des volontaires pour partir en avant, afin de prévenir cela. Je demandais son autorisation à Gunelle, vu que c'est elle mon employeuse, afin de me proposer à cela.

Ce que je propose au chef de la caravane, c'est que je parte en avant, sur un cheval qu'on me prêterait. Comme j'étais dans une carriole, il est possible que les mercenaires n'aient pas fait attention à moi et ne me reconnaissent pas comme membre de la caravane marchande, surtout si je voyage à cheval avec mes affaires. Je chevaucherais en avant, toute seule, à six ou sept cents mètres devant les chariots, tout en surveillant, en essayant de ne pas le montrer, les chemin et ses abords. Après tout, ce groupe laissera des traces sur le moment où ils quitteront la route. J'empruntais aussi un arc, enroulant une flèche dans un chiffon imbibé d'huile. Ainsi, à moins qu'ils n'aient barré la route par des troncs d'arbres, auquel cas je ferais demi-tour pour revenir au galop, si je remarque la moindre trace indiquant qu'ils sont cachés et prêt à assaillir les chariots, je m'avancerais sur une centaine de mètres avant d'enflammer le chiffon et de tirer une flèche en l'air, bien visible du coup par le reste qui pourra alors se préparer au combat.

Dame Gunelle ne vit aucune objection à ce que la jeune femme participe à la protection du convoi : elle n'avait de toute évidence pas grand chose à craindre dans l'immédiat. La proposition de la jeune guerrière fut acceptée et on lui confia un jeune hongre pour qu'elle puisse mener à bien sa mission. Une grande partie de l'après midi se déroula sans problème, jusqu'à ce que le ciel prenne une couleur vaguement orangée. La soirée n'allait pas tarder à tomber et l'on parlait de bientôt lever le camp.

Le long du chemin, un oeil avisé aurait probablement remarqué des traces de passage, qui s'entremêlaient par endroits. Cependant, le temps sec ne permettait pas de juger avec certitude si ce qui avait laissé ces marques était passé récemment ou depuis plusieurs heures, ni même de discerner avec certitude la nature des traces. Il aurait fallu se pencher avec attention sur la question et pousser plus avant l'investigation afin d'en être sûr. La seule certitude, c'était qu'il n'y avait pas grand chose à portée directe de la route. Ni en travers d'ailleurs : point de tronc, en tout cas !

Il y avait cependant à craindre une éventuelle attaque nocturne. Restait à la guerrière à décider de ce qu'elle voudrait faire des pistes de part et d'autres de la route.

Spoiler:

Le travail d'éclaireur était intéressant, et nécessitait une dose de concentration qui était appréciable. Mais ce n'était pas non plus un travail facile. Je n'arrivais pas à discerner les traces du passage des mercenaires sur le chemin des autres. Je pourrais arguer que le chemin est sec et un peu poussiéreux mais ce serait nier mes faibles compétences en matière de pistage. Mais peut-être n'y avait-il rien à remarquer, après tout. Les mercenaires étaient peut-être juste partis trouver un travail ailleurs. Je gardais cette hypothèse en tête mais continuais consciencieusement mon travail, parce qu'il existe bien d'autres menaces pouvant s'en prendre à la caravane : brigands ou gobelins, par exemple.

Le temps passa et je m'arrêtais, voyant le ciel devenir orangé, signe que la nuit ne tardera plus. J'imagine que le convoi va s'arrêter pour la nuit et qu'il va être temps pour moi de le rejoindre. Mais je voulais faire une dernière chose histoire de m'assurer qu'il n'y a pas de danger nocturne dans les environs.

Je mis pieds à terre, tenant toujours la bride de mon cheval, pour quitter le sentier, décidant de m'éloigner sur quelques centaines de mètres du côté droit, puis de refaire la même chose de l'autre. Sait-on jamais : s'il y a des gens cachés, peut-être ont-ils pris moins de précaution hors de la route que dessus pour dissimuler leur présence ?

De fait, cette précaution ne s'avéra pas inutile. En effet, sur le côté gauche de la route, à environ une centaine de mètres de cette dernière, se trouvait une sorte de creux dans lequel s'étaient installés les mercenaires. Ils étaient manifestement là depuis un moment à en juger par leur installation détendue, bien qu'ils fassent peu de bruit. L'un d'eux, juché dans un arbre, surveillant manifestement la route. Par chance, il n'était pas précisément discret. Cependant, quelque chose pouvait attirer l'attention de l'observateur avisé : ces hommes n'avaient allumé aucun feu, ni monté leurs tentes pour la nuit. Ils semblaient en quelque sorte déplacés dans ce décor sauvage. A dire vrai, ils semblaient attendre quelque chose.

Après consultation joueur:

Après votre brusque demi-tour, le guetteur semblait vous avoir remarquée et vous pouviez vous douter qu'il ferait part de votre présence à son supérieur. La caravane vous suivait à environ 500 mètres. Restait à savoir ce que vous auriez à leur dire.

Après quelques dizaines de mètres, j'aperçois une forme bizarre juchée sur une branche. Trop grande pour être un animal, je remarque le léger reflet du soleil couchant sur le métal de la lame de sa hache. Tout cela me faisait penser à un guetteur, charger donc soit de protéger un campement ou de surveiller la route. Je décidais d'en avoir le coeur net et je m'approchais davantage, me doutant qu'avec le cheval derrière moi, cet individu allait me repérer. Et, effectivement, je repérais le reste du groupe, dont le nombre correspondait à celui des mercenaires. Je ne vis aucune tente, par contre, et pas le moindre feu. Jme rendis aussi compte qu'il n'y avait pas non plus de fumée, ce qui indique que, bien qu'ils semblent là depuis un moment, ils ne veulent pas camper pour la nuit mais bien vouloir rester discret, sans raison... sauf s'ils préparent une attaque.

Sans prendre le temps d'y réfléchir davantage, je me tournais pour monter sur la selle. Je fis demi-tour, estimant que le plus important est de signaler ce danger à la caravane, que je pense en train d'approcher du lieu où on passera la nuit, voir de s'y installer. Sans aller au galop, je rejoignis le chemin tout en sortant l'arc d'une main, prenant la flèche inflammable de l'autre. Avec mon briquet, j'allumais le torchon puis je tirais la flèche vers le ciel, pour envoyer le signal au chef du convoi.

Je remis alors l'arc dans son carquois et je me penchais sur l'encolure de ma monture, pour lui faire accélérer le pas et atteindre els chariots le plus vite possible.

L'avertissement ne passa pas inaperçu et le convoi s'arrêta immédiatement à deux cent mètres de votre position. Aussitôt on put entendre de l'agitation et vous n'aviez aucune peine à deviner que les combattants du groupe s'étaient armés pour faire face au danger menaçant. Cependant, votre alarme eut également un effet instantané sur le groupe de mercenaires. Ceux-ci, constatant l'échec de leur manœuvre, préférèrent s'éloigner aussitôt à bride abattue : l'effet de surprise perdu, ils courraient bien plus de risques et il n'était pas ardu de comprendre qu'ils cherchaient seulement de l'argent facile et non une bataille à armes égales. Il ne fallut que quelques instants pour que les membres de la caravane ne voient surgir les malfrats des fourrés d'où vous veniez, pour constater leur fuite en direction d'Edoras. Leur passage ne laissa bientôt plus qu'un nuage de poussière. Le meneur de la caravane vous remercia aussitôt de votre efficacité, faisant remarquer que les choses auraient pu très mal tourner si ces hommes avaient attaqué pendant que l'on montait le camp. Il fut également décidé d'un commun accord de renforcer la sécurité pour le reste du voyage, doublant la garde de service de jour comme de nuit.

La suite du trajet se passa sans guère de complications et l'on atteignit Edoras dans les temps. Tandis que la caravane semblait sur le point de se séparer, on vous proposa deux possibilités. D'une part, dame Gunelle vous enjoignit de l'accompagner en ville jusqu'à son retour au Gondor la semaine suivante. Elle vous avait par ailleurs fabriqué une sorte de capuchon dont les extrémités allongées pouvaient aisément s'enrouler autour du cou pour vous tenir chaud. D'un autre côté, le meneur de la caravane fort satisfait de vos services, souhaitait vous embaucher afin de devenir membre permanent de son équipage, qui effectuait des voyages réguliers entre Edoras et Minas Tirith, passant la majorité de sa vie sur les routes. Restait à voir si l'une de ces options vous intéressait ou bien si vous aviez une autre idée en tête.

HRP:

Je fus rassurée de voir que ces mercenaires avaient choisi de renoncer à leur projet d'attaquer notre convoi. Enfin, pas totalement. Si je suis sincère avoir moi-même, je dois bien admettre que je regrette de n'avoir pas eu l'occasion de prouver ma valeur au combat, aux autres comme à moi-même. Après tout, je n'ai jamais combattu qu'en entraînement avec mon père ou des amis à lui, sans avoir été chouchoutée mais il n'y a que lors de vrais combats que je puis savoir ce que je vaux vraiment. Mais cela passa après la nuit, parce que cela veut dire que personne dans la caravane ne fut blessée ou tuée.

Le reste du voyage fut plus calme et j'ai alterné les moments où je restais dans le chariot avec dame Grunelle et les moments où j'ai été en reconnaissance. Nous arrivâmes à Edoras, une cité assez grande mais bien différente que Minas Anor. Je me réjouie de pouvoir bientôt la visiter, pendant que mon employeuse mènerait ses affaires. On m'offrit deux choix, mais je refusais poliment la proposition du chef de caravane. J'avais promis de protéger Gunelle, et sa suivante, et je comptais continuer à remplir cette tâche et m'assurer qu'elle revienne saine et sauve chez elle.

Notre arrivée à Edoras me paraissait d'autant plus appréciable que je n'avais aucune intention de m'éterniser sur les routes. J'aimais bien mieux être installée quelque part pour visiter mille et uns endroits, profiter des commerces et établissements locaux ainsi que nouer des relations avec des confrères herboristes qui pourraient par la suite me permettre d'obtenir aisément des végétaux dont je ne pourrais disposer à Minas Tirith.

J'avais d'abord tenté de me rendre en audience auprès du roi mais on m'avait appris qu'il était absent, aussi avais-je demandé à voir la reine. Qui était partie avec lui, quelque part en ville. Bien que leur absence soit de courte durée je n'avais pas spécialement envie de faire le pied de grue jusqu'à ce qu'ils rentrent chez eux, aussi avais-je dépose à l'attention de leur enfant le présent que j'avais confectionné pour lui. Il s'agissait d'un cheval en laine que j'avais crocheté moi même, puis rempli de coton auquel j'avais ajouté de la lavande et du jasmin séchés, plantes bien connues pour favoriser le calme et faciliter l'endormissement. L'animal était de la taille d'un chat et j'avais laissé libre cours à mon imagination pour les couleurs : la robe en était blanche mais la queue et la crinière arboraient toutes les couleurs de l'arc en ciel. J'avais eu du mal à lui broder une face, car j'avais tenu à ce qu'il ait l'air doux et joyeux à la fois, ce qui n'est pas une mince affaire lorsque l'on doit coudre au fil noir sur une structure molle et instable. Cependant, j'estimais avoir atteint mon objectif. J'espérais que le présent plairait à l'enfant et à ses parents. Pour faire bonne figure, j'avais joint à mon cadeau une courte note :

"A l'attention du dernier venu de la famille royale du Rohan.
Puisse ce présent vous accorder à tous de bonnes nuits revigorantes.
En vous souhaitant une longue vie, bonne santé et prospérité.

Dame Gunelle de l'Ithilien, herboriste à la cour de Minas Tirith."

Une fois ceci fait, je me rendis au marché à la recherche d'une possibilité d'achat d'une jument qui me conviendrait. On m'informa alors qu'un marché aux chevaux se tiendrait le surlendemain et je décidai d'attendre afin d'avoir plus de choix. Je me retranchai donc sur la prochaine activité de ma liste, qui consistait à rendre visite à un confrère avec lequel je m'entretenais par lettre depuis des années. Je m'adressai à Aelin sur le chemin :

"Je risque de rester avec lui pendant pas mal de temps. Vous pouvez en profiter pour visiter, si vous le souhaitez. Je dirais que vous avez au moins deux bonnes heures devant vous, peut être même trois."

Je remerciais mon employeuse et la laissais devant la maison de son confrère, le présent qu'elle m'avait faite dans ma sacoche. Deux heures, donc, à tuer le temps ? J4en profitais de façon plutôt simple à visiter la grande cité d'Edoras. Oh, certes, elle n'est pas si imposante que l'est Osgiliath ou Minas Anor mais c'est impressionnant malgré tout. Déjà, elle trône fièrement au sommet d'une colline, entourée de remparts en bois, certes, mais solide. Ses maisons, basses et longues ont une forme bien différentes mais sont solides et bien plus faciles à réparer que les nôtres.

Je me suis arrêtée un instant pour observer le travail d'un forgeron, les armes qu'il a fabriqué avec ses apprentis. Bien qu'à première vue elles semblent moins gracieuses que celle de mon peuple, elles ont un très bon équilibre et un tranchant tout aussi efficace, ce qui est le principal. Je peux en attester car le forgeron m'a autorisé à en essayer une. Sincèrement, si j'en avais eu les moyens, je lui aurais acheté une épée longue. Oh, non pour l'utiliser car j'ai ma propre lame, mais en souvenir de mon passage ici.

Je fis un passage à une taverne aussi, histoire de boire une petite bière et d'écouter quelques ragots. Mon père n'aimait pas trop que je fasse cela, chez nous, mais il m'est arrivée plus d'une fois d'aller à l'auberge avec mon frère pour entendre les récits des voyageurs. Et puis, j'avais une autre raison en tête : poser quelques questions sur le groupe de mercenaires qui avait failli nous attaquer, afin de savoir s'il était passé par Edoras, voir s'ils étaient toujours présents.

Cela fait, je finis par monter au sommet de la colline, afin de voir le Château d'Or, l'endroit où vit le roi du Rohan, d'où il dirige son peuple, avec cette fois le temps de bien l'observer, ce que je n'avais pu faire en compagnie de dame Gunelle qui était passé offrir son présent pour le fils du suzerain, malgré leur absence, et moi-même je fis présent d'une petite flûte en bois, que j'avais travaillé pendant notre trajet, avec un cheval gravé en dessous -en hommage à la relation de ce peuple avec cet animal.

C'est une bâtisse impressionnante, avec ses toits et portes recouvertes d'or, ses piliers sculptés à l'extérieur. Oui, ce peuple peut être fier de ses constructions, et j'ai un peu de mal à comprendre pourquoi certains nobles gondoriens pensent que le Rohan est primitifs. Il n'est pas comme nous, c'est évident, mais je pense qu'lis sont un peuple aussi cultivé que nous, même si bien moins ancien.

Je finis ma visite en revenant m'installer près de la demeure de l'ami de dame Gunelle. Il y avait du temps, bien sur, à l'attendre mais cela m'allait. De toute façon, il y a peu de chose à faire pour moi, dans cette ville, alors que je n'y connais personne.

La visite se déroula selon mes espérances et lorsque je quittai la maison, j'étais chargée d'une quantité assez importante de biens divers : graines, jeunes pousses, herbes séchées, quelques boutures ainsi que deux gros livres qui pourraient m'aider dans mes recherches. Je constatai bien vite qu'Aelin était là et je lui proposai de me suivre. Dans l'ensemble, la semaine passa sans incident et lorsque nous quittâmes la capitale du Rohan, j'avais le plaisir d'avoir atteint tous mes objectifs : en effet, une belle jument baie aux longues chaussettes blanches était attachée à l'arrière de notre carriole. J'avais également acquis une selle locale qui, bien que moins décorée et pompeuse que celle que j'avais à Minas Tirith, avait l'avantage d'être bien plus sobre et confortable.

Nous nous trouvions en compagnie connue puisque la caravane était peu ou prou la même : quelques commerçants en plus ou en moins, tandis que la majorité de ceux qui avaient effectué l'aller avec nous revenaient chargés de biens différents. La seule ombre au tableau étant qu'à présent nous nous méfiions d'éventuelles attaques surprises. Cependant, le meneur de caravane avait préféré ne prendre aucun risque et nous étions dotés de deux gardes supplémentaires, des soldats de métier avec assez de bouteille pour s'avérer de précieux alliés. Ainsi commença le voyage, composé de tours de garde réguliers et d'avancée lente mais régulière.

Tout semblait se dérouler pour le mieux, jusqu'à ce que l'avant dernière nuit avant notre arrivée prévue, un cri d'alarme de la sentinelle ne retentisse à travers le camp. Nous avions bivouaqué dans un petit contrefort rocheux sur le bord du chemin, entourés d'arbres trop clairsemés pour être qualifiés de forêt mais néanmoins offrant un léger barrage naturel au vent et à la pluie qui battaient ce soir là.

La semaine passée à Edoras passa bien plus vite que je l'aurais cru. Mais cela fut intéressant tout de même, et j'ai profité de mes moments de liberté pour découvrir cette cité de bois et faire quelques connaissances ici et là. Après tout, c'est important de se faire des amis quand on est loin de chez soi mais aussi quand on envisage de beaucoup voyager. Et puis, cela fait du bien, aussi, de discuter avec des individus ne me reprochant pas les actes de Grand-Père. Enfin, il est vrai que j'ai beaucoup discuté avec des gens du peuple et peu voir pas du tout avec la noblesse du Rohan : ils ne doivent pas être au courant du pêché de ma famille.

et, finalement, nous reprenons le chemin pour Minas Anor. Dame Gunelle a pu mener à bien ses affaires et même obtenu le privilège d'acheter une monture locale, une très belle jument. Nous nous retrouvâmes avec la même caravane, qui se montrait prudent car il craignait de subir des attaques depuis notre précédent voyage, et avait embauché deux gardes de plus.

Heureusement, le voyage se fit dans le calme, alors que, comme à l'aller, j'alternais entre des missions d'éclaireurs et de simple voyageuse, restant près de mon employeuse et sa suivante dans un chariot. Enfin, c'était le calme jusqu'à la dernière nuit. La caravane était sur un petit contrefort, les chevaux regroupés ensemble au centre, non loin du grand feu où on avait cuit le repas, sans cesse rechargé par les sentinelles. Les chariots sont disposés de façon à protéger les pentes les plus douces, pour couper une éventuelle attaque, alors que des gardes montaient la garde à plusieurs points du périmètre. Le reste dort dans ou sous les chariots, protégés ainsi de la pluie fine et un peu du vent frais.

Je ne sais à quel moment de la nuit je me réveillais mais je le fis car des hurlements se firent entendre. J'ai rarement entendu des loups mais c'est à cela que je pensais en me levant, parfaitement réveillée. Je ne pris pas le temps d'enfiler mon armure, ne dormant pas avec pour éviter les courbatures. Mon père me l'a souvent dit : dormir avec une armure ne permet pas à un corps de se reposer, sauf à être un nain. Je n'enfilais que mes bottes, récupérais mon épée et mon bouclier, avant de descendre en jupe large et chemise de la carriole.

Je me dirige vers le feu pour récupérer une buche et revenir avec vers le périmètre du camps, tenant la torche de fortune de la main droite, le bouclier de la gauche. J'étais prête à lâcher la source de lumière pour dégainer mon arme mais pour le moment, j'avais besoin de cette source de lumière pour repérer les animaux qu'on entendait. Si c'était bien des loups : j'ai entendu parler des wargs, ces animaux que montent les gobelins, mais aussi de meutes de chiens errants. Sans parler des chiens dressés au combat ! Bref, mon jeune esprit attendait de savoir à quoi no avait affaire, tournant un peu trop.

~~~~~~~ Jet de dés ~~~~~~~

18 et 7

Bous avez plutôt bien réussi à appréhender la nature de vos opposants : de fait, toute une meute d'une bonne dizaine de loups au moins avait encerclé votre camp. Affolées, vos montures piaffaient et s'agitaient, tentant de s'enfuir face à la menace. Peu à peu l'ensemble du camp se retrouva sur le pied de guerre et prêt à se battre... Plus ou moins.

La meute tournait en cercle autour du camp, cherchant manifestement une proie facile qui ne serait protégée ni par le nombre, ni par le feu. Dans l'ombre, certains jurèrent avoir aperçu un animal plus massif que les autres, au moins aussi gros qu'un ours. Cependant vous n'auriez su dire ce qu'il en était vraiment car vous ne l'aviez pas vu vous même.

De son côté, Dame Gunelle avait pris à parti de rassembler les bêtes dans le cercle. Elle n'avait aucun talent de combattante mais ne comptait pas être inutile pour autant. Ainsi, rapidement, les chevaux ânes et autres créatures appartenant au convoi se trouvèrent groupées près du grand feu et soigneusement attachées : ils ne risquaient donc ni d'être emportés ni de se sauver ou de gêner les combattants. A la surprise de beaucoup, la servante de dame Gunelle, munie d'un arc et de flèches, fut la première à tirer sur les loups en un coup de semonce qui entraîna un court silence. Puis, des hurlements se multiplièrent partout, donnant l'impression que les bêtes étaient bien plus nombreuses que ce que vous aviez pu estimer. Il semblait à présent évident que la meute ne fuirait pas sans combattre.

Les loups restaient à distance raisonnable du feu, mais votre camp était suffisamment dispersé pour qu'ils aient bien d'autres occasions. Certains tentaient à présent de pénétrer sous les toiles, dans les tentes les plus excentrées en quête de leur pitance.

Mon impression première était juste : cela avait bien été le cri de loups que j'ai entendu. La certitude venait d'autres combattants de la caravane qui en voyaient et le signalaient. Il y aurait aussi quelque chose de plus massif mais quoi, personne ne semblait le savoir. Je fus un peu surprise de constater qu'Amy soit une bonne archère mais j'aurais peut-être du me douter qu'elle n'était pas une suivante ordinaire. Après tout, dame Gunelle n'était pas quelqu'un de commun et il était logique de s'entourer de personne similaires à soi, non ? Mais ce n'était pas le moment de s'en préoccuper car cette flèche semble avoir énervé ces animaux, si cela est possible.

Des cris se faisant entendre d'une tente proche, je m'y dirigeais, lâchant la torche dque je tenais à l'entrée pour dégainer mon épée en entrant. Il y avait deux personnes, un marchant et son assistant si je me souvenais bien, et deux loups qui étaient entrés en déchirant la toile. Comme mon arrivée les avait surpris alors qu'lis allaient sauter sur ce duo, je m'interposais, frappant le premier loup de ma lame, le touchant au flanc et l'envoyant couiner à terre.

Le second s'élança sur moi et reculais pas réflexe mais je fus bloquée par la toile, ce qui me surpris et permit à mon adversaire quadrupède de me porter un coup de griffes sur la jambe, me faisant grimacer un peu, même si le coup était léger. Je répliquais, enfonçant ma lame dans sa gorge. Son compagnon se relevait pendant cet échauffourée et s'enfuit en boitillant, son instinct semblant lui commander de survivre.

Je dis au marchand de sortir et de prendre la torche, ce qu'il ne fit qu'à moitié, son assistant ayant plus de bon sens et récupérait l'objet enflammé en le suivant. Je me précipitais après eux, voyant alors une forme en train de courir dans l'ombre. Je levais mon bouclier à temps pour stopper le poids de la bête, la repoussant sans me soucier de la griffure que je venais de récolter sur mon bras gauche. Je la vis se préparer à bondir une seconde fois mais au lieu de me protéger derrière mon bouclier, je pris appuie sur mon pied droit et je pivotais sur moi au moment où elle sauta vers moi, esquivant de justesse ses crocs, pendant que mon épée s'abattait droit sur son cou, décapitant ce loup.

Je me reculais vers les chariots, m'assurant que le marchand n'avait rien. Je regardais autour de moi, pour voir si quelqu'un d'autre avait besoin d'aide. Mais pour le moment, il me semblait qu'on arrivait à contenir cette meute.

~~~~~~~ Jets de dés ~~~~~~~

Attaque : 12 - 13 - 16
Défense : 8 - 6

La plupart des bêtes furent repoussées sans trop de peine et le calme revint provisoirement sur le camp. Cependant, tout n'était pas encore terminé et bientôt la compagnie put voir s'avancer une demie douzaine de loups menés par une bête d'une taille impressionnante. Certains pensèrent qu'il s'agissait d'un ouargue, d'autres d'un simple loup des plus impressionnants. A dire vrai, nul n'était sûr de rien à part d'une chose : l'animal menait les autres et semblait prêt à en découdre.

Il ne tarda pas, par ailleurs, à s'élancer vivement sur une famille qui s'était légèrement écartée du feu, flanqué de deux congénères de chaque côté. La situations semblait critique pour les parents et leurs deux enfants en bas âge, du moins si personne n'intervenait pour les défendre. Aucun d'eux n'avait l'âme d'un combattant ni même ne maniait une arme. Amy tenta d'intercepter le meneur d'une flèche dans la tête, mais manqua son coup et son trait se contenta d'effleurer mollement la croupe de la bête, n'y laissant qu'une vague égratignure.

Les cris et les bruits de luttes se firent moins intense, alors que les loups reculaient, repartant dans la forêt d'où ils venaient. Il semblait ne pas y avoir de morts mais beaucoup e griffures, comme moi, et de morsures. Rien qui ne puisse guérir avec du temps, si on prend la précaution de bien les soigner. Il y en avait qui semblaient penser que c'était terminé, et j'étais dans cet esprit là moi aussi quand les hurlements se refirent entendre et qu'un nouveau groupe approcha du camps.

Un animal bien plus imposant menait six loups, et els sept s'élancèrent à l'attaque aussitôt. J'entendis le mot Ouarg et je me rappelais les histoires que j'avais entendu sur cette créature appréciée par les gobelins. Je le vis repousser un guerrier de la caravane, qui s'éloigna à quatre pattes, puis jeter son dévolu sur une famille.

Lâchant un juron je me précipitais vers lui mais je ne pus arriver avec qu'il me frappe d'une patte griffu l'homme qui cherchait à protéger son épouse et ses enfants. Je parvins tout juste à lever mon bouclier pour parer un coup de la bête, de ce ouarg, avant de tenter de le frapper mais il me surprit en esquivant puis en me frappant avec une de ses pattes. Je criais sous la douleur de ses griffes, lâchant mon épée, qui fut projetée à quelques mètres de moi. Sans le vouloir, j'avais baissé ma garde et il me sauta dessus, me faisant tomber à terre et plantant ses griffes dans mon épaule gauche, me faisant une seconde fois crier de douleur. Un peu désespérée, je tatonais et sentir un objet sous ma main droite, une torche visiblement, que je soulevais pour le frapper durement dans son flanc, autant que je le pouvais dans cette position. Il glapit et se recula, se roulant dans le sol pour éteindre son pelage qui commençait à s'embraser.

N'arrivant plus à tenir mon bouclier, je le laissais au sol, récupérant mon épée pendant que le ouarg terminait de sauver ses poils. Je me mis en garde, dans une position défensive, prête à esquiver ses attaques pour riposter si jamais j'en avais l'opportunité.

~~~~~~~ Jet de dés ~~~~~~~

pour s'interposer )> 3
pour parer )> 10
pour riposter )> 1
Seconde parade )> 3
Attaque avec la torche )> 17

Tandis que le meneur prenait feu, ses compagnons s'égayèrent dans les bois, terrifiés par les flammes. Il ne fallut pas longtemps pour que tous comprennent que le ouargue avait coordonné l'attaque et que son état poussait les autres à la débandade. La servante de dame Gunelle profita de l'agitation ambiante pour tirer à nouveau sur la créature, atteignant cette fois la bête. Cependant, le trait qui avait visé la tête n'atteignit finalement que la gorge de l'animal, se fichant violemment dans la chair sans pour autant la traverser. Le ouargue s'enfuit finalement sans demander son reste, et le silence retomba finalement sur la forêt.

Il ne fallut guère longtemps pour que les dégâts soient estimés, les blessés soignés et les tours de garde renforcés. La fin de la nuit se passa donc dans le calme, tout comme le reste du trajet d'ailleurs. A votre arrivée, la majorité des membres du convoi se sépara presque aussitôt, désireux de toute évidence de laisser derrière eux cette expérience désagréable. L'information ne manqua pas d'alarmer les gardes de Minas Tirith et il fut décidé d'envoyer des troupes afin de traquer le ouargue, ainsi que de vérifier qu'il était seul et non accompagné d'une meute de ses semblables ou pire, d'orques ou de gobelins. Votre participation ne passa pas inaperçue, une fois de plus, et on se mit à parler de vous et de vos exploits dans la guilde des marchands du Gondor. Dame Gunelle, quant à elle, regagna ses quartiers non sans vous remercier avec profusion. Elle vous invita également à venir lui rendre visite prochainement. Nul doute qu'elle parlerait de cela autour d'elle et que cette histoire se répandrait comme une trainée de poudre parmi les serviteurs.

hrp:

Sujet: Re: En route pour Edoras (quête triviale, PV Aelin)