Le trône de Sauron

Sauron s'agaça intérieurement de l'incompréhension de son interlocuteur.Sauron s'était tellement renfermé sur lui même ces derniers temps qu'il ne voyait même plus l'opacité de ses directives.Mais il se força au calme.Contrairement aux apparences,Jaryak était loin d'être un imbécile et il pouvait se révéler utile.
Aussi prit il sur lui et continua la discussion,ignorant lui aussi l'homme qui se tenait désormais aux côtés du roi.

"Seigneur Jaryak,vous conviendrait qu'attaquer le Harad ou le Gondor séparément reviendrait à une défaite.Malgré les tensions qui agitent les deux souverains,ils ont assez de jugeotte pour comprendre que la défaite de leur voisin signifierait très vite la leur.Par contre,si nous arrivons à mener les deux souverains à se faire la guerre,les deux camps s'affaiblieraient considérablement et nous pourrions alors vaincre sans coup férir deux empires trop puissants et génant.
C'est là que vous intervenez seigneur Jaryak,vous savez tout du Harad et vous êtes un leader né.Vous allez partir en Harondor avec une centaine de compagnons.Là bas,vous exciterez les mouvements nationalistes en les faisant passer au Nord pour ceux d'Haradrims et au Sud pour des machinations du Gondor.Très vite,Tulkor et Aragorn seront obligé de résoudre leur différents.Et que ce soit par la guerre ou par les négociations,le Harondor ne leur appartiendra plus."

Et Sauron éclata de rire,d'un rire de dément en savourant par avance une victoire qui n'était pas certaine.

Voilà pourquo Sauron méprisait tellement les humains,leur délai de compréhension était tellement lent!
Mais ils étaient bien plus éfficace que les orcs et bien plus utile...

"Seigneur Jaryak,comment est appelé notre seigneur Melkor?Le seigneur de l'ombre.avez vous pourquoi?Parce que nous ses serviteurs ne dévoilont notre visage et nos intentions que le moment venu.Avez vous vu ce que porte mes serviteurs en ma citadelle,et croyez vous que ce que vous voyez ici est la stricte réalité?"

le seigneur éclata alors de son rire machiavélique avant de reprendre son sérieux.

"Mettez un masque humain,votre charisme et votre renommée n'en seront que plus grande et vos objectifs plus flou à l'adversaire.Voilà comment nous devons combattre.Pour les moyens à mettre en oeuvre,vous avez carte blanche seigneur Jaryak.Combattez et gagnez."

Un noir crébain descendit en tournoyant vers le Trône Noir de Sauron. Il était porteur de nouvelles de Thuringwethil. Se perchant sur l’accoudoir du trône, il tendit sa patte autour de laquelle un parchemin était enroulé. Sauron déroula le message, qui était écrit d’une écriture élégante et raffinée utilisant les runes fëanoriennes, mais dans le Noir Parler du Mordor. Et cela seul suffisait à identifier l’auteur du message. Et voilà ce qui était écrit :

« Mon Seigneur, les graines de la discorde poussent difficilement sur le sol que j’arpente. Néanmoins ce sol fertile peut enflammer de nombreuses convoitises. J’attire votre attention sur la Férocité de l’Est qui pourrait être réveillée, et dont la faim pourrait être ravivée. Je pense pouvoir attiser cette faim. Dois-je en entreprendre le voyage ?
Votre servante, Thuringwethil »

Le noir crébain qui avait accompagné Thuringwethil dans son voyage dans le pays de Rhun descendit en spirale vers le trône du Seigneur du Mordor, Sauron le Sombre. Il était porteur de nouvelles, et il délivra sans attendre son message, rédigé de telle façon que seul celui à qui il était destiné pouvait en comprendre le véritable sens. Une fine et élégante écriture, dans la langue commune de l'ouistrenesse, recouvrait le parchemin:


Mon très cher père,

Ma visite pour vérifier l’état de vos vignobles de l’est s’est plutôt bien déroulée. Notre régisseur a, comme vous le savez, un tempérament plutôt indépendant. Il s’apprête à rassembler ses marchands dans votre ancienne résidence d’été, dans la forêt. Il souhaite inonder nos voisins et amis avec son vin, une fête joyeuse s’annonce ! Je lui ai promis l’aide de nos serviteurs dévoués pour l’aider dans son commerce. J’ai la grande joie de vous annoncer que l’amitié entre ses gens et les nôtres sera renforcée par mon entrée dans sa famille ! Nous avons échangé quelques promesses et officialisé tout ceci en appelant sur nous la bénédiction des Valars, scellant notre union autour d’une bonne coupe de vin, selon notre ancienne tradition familiale. En guise de dot, je compte revenir avec nos serviteurs pour former une bonne entreprise familiale. De son coté, mon futur époux m’a donné sa petite propriété du Rhovanion.

Je reste votre fille aimante et demeure dans l’attente de vos nouvelles.

Sauron était dans son donjon,sur son trône,parcourant la Terre du Milieux par l'intermédiaire du palentiri.
Si tout n'était pas sujet à contentement,tout semblait se dérouler selon ses plans.
Si le dunedain n'était pas mort,une des choses qui avait beaucoup contrarié le maiar,son empire connaissait cependant les faiblesses liées à la perte du commandant et Sauron comptait bien s'en servir.
Si Krell n'avait pas attaqué aussi tôt,toute les pièces auraient alors pu être en place mais la célérité du barbare avait une fois encore tout précipité.
Qu'importe,cette fois le maiar était certain de sa victoire.

Faisant appeler ses principaux généraux,il repensa une dernière fois aux ordres qu'il allait donner,puis,satisfait,attendit avec impatience la venue de ses serviteurs.
Ces derniers arrivèrent très vite,peu enthousiasmés à lidée d'arriver en retard en une fois leur salut finis,Sauron entra directement dans le vif du sujet.

"Mes amis,l'heure de la vengeance a sonné.La Terre du Milieu connait unecrise sans précédent qui risque fort d'être à notre avantage.Que les légions se préparent car nous sommes en guerre et demain nous baignerons dans le sang de nos ennemis."

Alors que Sauron s'échauffait dans son discours,de sombres volutes de fuées tourbillonèrent dans la sale,prenant d'étranges formes inspirant l'effroi,la pitié...pour tout profane mais qui fut accueilli par les généraux comme un signe de bon augure.Sortant d'un même mouvement leurs armes,ils les tendirent en l'air et s'écrièrent.

"Nous sommes à vos ordres seigneur.Que votre volonté soit dite et nous l'accomplirons."

Sauron inspira à plein poumon l'air magique qui régnait dans la salle,oui,il le sentait déjà,l'odeur du sang de Aragorn et sa voix implorant de le laisser vivre.Oui,cela était pour bientôt,très bientôt...
evenant à l'instant présent,il donna ses ordres.

"Middrick,prends le commandement de 200 000 rcs et part à la Porte Noir.là bas,tu te prépareras à partir au Gondor."

Middrick hocha la tête et sortit,suivi de 3 autres gnéraux pour le seconder dans sa tâche.

"Beinsen,tu seras chargé de réunir 100 000 orcs qui devrnt être prêt à partir à n'importe quelle heure et pour n'importe quelle direction."

Ce dernier salua à son tour et partit avec 2 autres généraux.

"Toi,mon cher Godruc,tu t'ocuperas du ravitaillement de mes légions et de la défense de notre cher royaume.Aller maintenant,j'ai encore à faire."

Les derniers généraux encore présents s'inclinèrent et sortirent,prêt à se répartir les tâches restantes et que Sauron ne jugeait pas digne de leur mentionner.

Aussitôt,dans tout Barad Ur,et le Mordor,ce ne fut que cris d'orcs et de Trolls,fracas des marteaux qui finissaient les dernières réparations et le pas lourd des wargs courant avertir les autres cités.
Le Mordor partait en guerre...

A travers sa vision magique,Sauron put contempler l'oeuvre de ses armées au Gondor et il e fut satisfait.Quand bien même ce stupide barbare nommé Krell avait quitté le Rohan la queue entre les jambes,tout était prêt désormais pour que la Terre du Milieu tombe entre ses mains.
Pour une fois,il était bien servi grâce à la réunion de serviteurs tous plus intelligents et puissants les uns des autres et un réseau d'alliances puissants entretenus par une toile d'espions aussi fourbes les uns des autres...

Maintenant,il était l'heure d'aller signifier quel destin attendait ceux qui s'opposait à lui.
Appelant un magnifique dragon que son serviteur la Bouche de Sauron avait obtenu par traitrise il y a de cela des années,vint sous sa fenêtre.
Vétu de son armure la plus éclatante,le visage plus beau et parfait que jamais et son palentir sous le bras,Sauron monta sur les écailles puissantes du Dragon et se dirigea vers Minas Thirit.

Sauron se tenait sur son sombre trône, ses pensées bien ailleurs que son corps. Ces six derniers mois n’avaient pas été inactif pour la Tour Noire, bien au contraire.
L’échec de Minas Tirith avait été une fois encore source d’apprentissage et le Seigneur des Ténèbres comptait bien tirer parti de ses erreurs, en l’occurrence, avoir trop sous estimé le pouvoir des mortels. Il avait toujours su qu’il n’était pas imbattable au corps à corps, mais pour la première fois de sa vie, il avait reçu une blessure autre que par ses propres inventions ou d’un de ces elfes aux pouvoirs divins. A la pensée de la douleur qu’avait irradié la puissante hache de Krell, un faible frémissement parcourut le corps du Maiar tandis qu’une haine sans égale le traversait pour finalement s’estomper aussi rapidement qu’elle était venue.
Oui, ces six mois n’avaient pas été inutiles. Au point de vue militaire, Sauron avait reformé son immense armée et l’avait notamment dotée de scorpions lourds en plus de ses balistes et catapultes grâce au plans fournis par Saroumane. Elle avait été encore plus sévèrement encadrée par les officiers qui avaient entraînés sans relâche les orcs à répondre à tous types de situations. Si l’intelligence de ces créatures étaient plus que limitées, ce que les orcs apprenaient du combat, ils ne l’oubliaient jamais, ou du moins très rarement, vivant dans une étrange société où la brutalité continuait d’être le moyen d’obtenir ce que l’on voulait.
A ce ramassis de viles créatures, Sauron s’était adjoint aussi les services d’un grand nombres de mercenaires à travers la Terre du Milieu, en faisant venir un certains nombres au Mordor, mais aussi en distribuant de fortes sommes d’or à certaines compagnies pour leur faire promettre que le cas échéant, elles brisent leur contrat en cours pour venir se placer sous la bannière du Mordor. La sélection de ces compagnies avaient été très rigoureuses car il avait fallu choisir des êtres suffisamment corrompus pour accepter ce marché, et pas suffisamment pour qu’il respecte les engagements pris…

Mais c’était surtout au niveau politique et des renseignements que Sauron avait amélioré son système. Tout d’abord, les espions que Toranur avait fait disposer dans la majeure partie des cours humaines permettaient d’obtenir un grand nombre d’informations sur les souverains en place, leur entourage mais aussi, de récupérer les plans de défenses du royaume…
Ensuite, la venue de deux nouveaux officiers de talents avaient permis de redonner un coup de souffle à ces services qui présentaient de nombreuses failles.

Il y avait tout d’abord eu le cas de Sefir, désormais nommé Khaedril. Sauron avait longuement médité sur comment se débarrasser de ce danger, mais il n’avait su résister à la tentation de le rallier à sa cause. La suite avait été le fruit d’un long travail de préparation, et ce avant même qu’il envisage d’envahir la Cité Blanche. Mais la suite avait été beaucoup plus rapide. Enlevé, brisé par la torture, de Sefir était né un nouvel individu appelé Khaedril, ancien assassin au service de Sauron. Ses soldats personnels avaient été eux aussi le soin d’un traitement spécial. En fait, anciens soldats de Sauron pour la plupart, le maiar avait utilisé sa magie et la torture pour falsifier leur souvenir. En gros, il avait accompli le même travail sur Khaedril et ces hommes. Il les lia les uns aux autres de telles sortes que la vérité ne refasse jamais surface, si cela était possible…
Une fois Sefir rallié à lui, il l’avait envoyé récupérer son maréchal disparu, à savoir Toranur. La mission ayant été couronnée de succès, Sauron l’utilisa de manière de plus en plus active, l’envoyant sur de nombreuses missions de récupération d’informations vitales, de petits assassinats sur certaines personnalités politiques gênantes et de l’encadrement et la formation des fameux espions assassins du Mordor.

Cette dernière mission l’avait mis en lien étroit avec Alaena, une jeune femme venue au Mordor avec des ambitions très précises mais qui avaient plu à Sauron : prendre le contrôle, devenir le premier Duce du Mordor et avoir la main mise sur le plus de domaines différents. En six mois, on pouvait dire que le résultat avait été à la hauteur des ambitions. Aidés par les Services de Renseignements, elle avait progressivement pris contact avec tout les membres influents du Mordor, et notamment avec les numénoriens noirs qui commençaient à en faire un peu qu’à leur tête depuis la disparition de Toranur. Elle sut profiter de leurs querelles éternelles pour s’imposer et très vite, contrôla la quasi-totalité de ses membres. A son retour, le maréchal Toranur ne put que constater les choses et laissa donc de bon gré son titre de Grand Maître des Exilés à Alaena devenue par là même Duce et grande Maîtresse des Exilés.
Son implication de plus en plus grande dans les réseaux d’informations et de renseignements du Mordor lui valu là aussi un avancement rapide. Nul doute que dans les mois à venir, elle ne s’empare du département entier…

Toranur, un maréchal unique en son genre que Sauron avait absolument tenu à revoir dans ses rangs. Ses talents de stratège et de gestionnaire était pour beaucoup dans l’efficacité des armées du Mordor et le Seigneur des Ténèbres ne pouvaient pas se permettre pour l’instant de laisser un tel élément dans la nature, d’autant qu’il en savait beaucoup trop. C’était pour cela que Sauron avait envoyé Khaedril à sa recherche et ce dernier avait ramené le maréchal ainsi qu’une humaine dont Toranur s’était entiché nommée Raya.
Après avoir manifesté son courroux à son serviteur, Sauron l’avait confirmé dans ses fonctions et lui avait donné la tâche de continuer la planification d’une future invasion. Pour qu’il ne travaille que mieux, Sauron avait par là même occasion affectée Raya comme capitaine d’un régiment d’amazones, titre plus honorifique qu’autre chose. Mais, surpris par les talents martiaux de la jeune femme, il permit à Toranur de la laisser entrer dans son état major où elle devint Consul d’une des meilleures légions avec son mot à dire dans les décisions d’état major.

Ainsi, Sauron s’était entouré au cours de ces derniers mois de talents multiples et dévastateurs qu’il comptait bien utiliser le moment venu, moment retardé par les événements. Tout d’abord, Tulkor, roi de Harad avait accompli son retour sur la scène politique au moment ou le maiar comptait lancer son invasion, mais surtout, ces mystérieux Morts étaient apparus.
Beaucoup de gens lui en affublait la cause de l’apparition mais Sauron savait bien que ni lui, ni son maître n’était responsable de cela. Sauron n’y avait pas vu trop d’inconvénients jusqu’au moment ou il s’aperçut de la véritable nature de ces spectres et du danger qu’il représentait, en même temps qu’une formidable opportunité. C’était d’ailleurs le but de cette réunion dans la salle du trône de Barad Ur de ses conseillers.

Pour le moment, une dizaine des plus hauts dignitaires du Mordor se tenait présents mais il en manquait un certain nombre, dont certains parmi les plus importants.
Sauron attendrait encore un peu. Il détestait parler lorsqu’il n’était aps sur d’être compris de TOUT ses subordonnés. Soudain, les portes s’ouvrirent à nouveau et de nouvelles personnes entrèrent…

Khaedril fut un des premiers à pénétrer dans la salle. L'assassin était vêtu de noir, avec un pantalon légèrement ample, ses hautes bottes de cuir souple, et son armure. Il ne portait rien d'autres, malgré une température qui n'était pas des plus estivales... Pour arme, il n'avait qu'une épée, pendant à sa ceinture. Simplement pour le protocole, sûrement. Sans regarder les dignitaires présents, il s'arrêta en face de son maître, sa main droite se porta au centre de sa poitrine, poing fermé, tandis qu'il mettait le genou gauche en terre, et baissait la tête, saluant ainsi Sauron pendant quelques secondes, avant de se relever, et d'aller prendre place.
Il avait bien changé. Ses cheveux, qu'il avait toujours porté égalisés, avaient poussé depuis le temps, et il n'était pas une mèche de sa chevelure qui égale en longueur une autre... Tout cela était voulu pour augmenter son apparence prédatoriale. Il s'assit sur un des sièges. Il avait été très actif, sur les six mois qui s'étaient écoulés... Il y avait eu la traque de Toranur, qui avait duré près de quinze jours.
Se rendant dans l'auberge, ils n'avaient trouvé que des cadavres. Mais en fouillant bien, des indices de la présence de Toranur...et d'une femme. À savoir, un miroir et un couteau tachés de sang qui laissaient penser à une utilisation comme instruments de chirurgie. Puis des vêtements féminins de type orientaux, ainsi que des cheveux eux aussi venant de Rhûn. Ils s'étaient portés là-bas, voyageant en toute hâte... Remontant la piste, ils avaient fini par coincer les deux amants dans les étendues sauvages... La "bataille" avait été de courte durée: le maréchal s'était rendu quand on avait menacé de transperce la dénommée Raya. La menace avait été par la suite efficace jusqu'au retour au Mordor.
Puis, on l'avait envoyé sur différentes missions. C'était parfait, puisqu'il formait les espions assassins de Mordor, les tâches faciles leur donnait l'occasion de faire des travaux pratiques. Le niveau de ces troupes s'était d'ailleurs élevé ces derniers temps... Quand il fallait accomplir des tâches de plus grande importance, Khaedril confiait ces jeunes hommes à Trenglar ou un autre, qui se montraient assez efficaces pour le remplacer durant de courts laps de temps... Pendant ce temps, Sefir partait, parfois seul, parfois, suivant les besoins, accompagné de quelques membres de sa troupe... Il prenait garde à maintenir un roulement, pour que tous aient leur part d'action et de repos. Sauf lui. Il ne voulait pas du repos. Ou alors très peu, juste ce qu'il fallait pour se maintenir au sommet de sa forme...
Khaedril sortit de ses pensées. Il prêta attention aux nouveaux arrivants... Nul doute qu'il en reconnaîtrait quelques uns, il commençait à être de nouveau familier avec les dignitaires du pays... Deux sièges sur sa droite étaient libres...
Tripotant machinalement la poignée de son arme, et voyant que rien de bien intéressant ne se passait encore, il se permit de replonger dans ses pensées. Il avait trouvé des réponses à toutes ses interrogations, à tous les vides qu'avaient crée le séjour entre les mains des séides de Tulkor... Toutes, sauf une. La mèche de cheveux blancs... Cette mèche lui évoquait une femme... Une elfe. Il ne savait pas son nom, mais il se souvenait de tendresse envers elle et venant d'elle... Il ne savait pas si il s'agissait d'une de ses cibles, ou si il avait commis la même erreur que Toranur... Il gardait secrète cette partie de ses pensées... Noyée dans le flot continuel de questions que se posaient l'assassin, elles passait inaperçue... Il imaginait sans cesse la meilleure façon de s'introduire dans un lieu... Pensait à des bottes, revoyait ses duels passés, tentant d'en tirer des leçons... Son esprit était sans cesse en ébullition... Il n'aimait pas les réunions. En général, elles s'éternisaient, rendait l'action impossible car l'opportunité était passée... Mais si son Maître s'y trouvait, c'était autre chose... La crainte n'y était pas pour autant que la profonde dévotion et la grande admiration que manifestaient Khaedril pour le sombre maître de Mordor...

Toranur espérait ne pas être en retard, lui et Raya n’avaient reçu la convocation que peu de temps auparavant. Il avait juste eu le temps d’enfiler l’armure témoignant de son rang, y joindre la cape à ses couleurs et de se rendre au plus vite avec sa femme dans la salle du trône. Raya avait quant à elle mit la main sur une très jolie robe de lin sombre que mettait en valeur une magnifique coiffure.
Ils y arrivèrent enfin et les lourdes portes de la salle s’ouvrirent pour leur laisser passage.

Le couple s’avança alors, le bras de Raya reposant sur celui de Toranur comme il le convenait à un Duce et son épouse, lentement à travers la salle grandiose, aux piliers immenses et sombres, droit vers le magnifique trône qui contenait Sauron.
Les dimensions de la pièce, déjà importantes, étaient rendues encore plus impressionnantes par la masse immobile derrière Sauron. C’était un dragon grandeur nature dont on n’arrivait pas à définir s’il avait été empaillé ou bien sculpté dans la pierre. Toujours était-il que c’était là l’œuvre d’un maître, la bête, ou sa représentation, donnait l’air d’être prête à bondir ou ouvrir sa large gueule pour lâcher un de ces terribles nuages de gaz toxique sur l’arrivant.

Le maréchal du Mordor et Raya arrivèrent face au Seigneur des ténèbres et mirent un genoux à terre, s’inclinant bien bas. Eux, plus que toutes autres personnes ici, se devaient de ne faire aucun faux pas.
Lorsqu’ils se relevèrent, ils se dirigèrent vers les deux places libres à côté de Khaedril, Toranur saluant d’un hochement de tête sec et respectueux l’intégralité des membres présents (qu’il connaissait tous). Arrivé à son siège, il posa son casque sur le rebord du fauteuil, et regarda Khaedril un court instant, le saluant légèrement.
Entre les deux hommes, les rapports étaient au minimum. Si le maréchal lui témoignait d’un respect rare pour les capacités de l’assassin, la facilité avec laquelle il l’avait retrouvé et la honte qui avait suivie sa capture restait encore très vive dans l’esprit fier et orgueilleux de Toranur.
Il s’assit enfin et ne daigna plus tourner son regard vers Khaedril. Et il comptait bien faire de même tout le long de la réunion.

D’ailleurs, cette réunion était pour le moins étrange. Non seulement il était rare que tant de dignitaires soient rassemblés au même endroit autre que pour des festivités, chacun restant cloîtré jalousement dans le domaine qui lui été assigné, mais en plus, c’était la première fois depuis ces six derniers mois que Toranur était convié d’assister à une audience d’importance.
Jusque là, pour lui témoigner sa déception profonde, Sauron n’avait fait parvenir les instructions à son maréchal que par des intermédiaires, qui ne se gênaient d’ailleurs pas de le faire remarquer à Toranur.
A ce souvenir, il sentit une grande fureur l’inonder, bien que rien ne fut visible dans son apparence, rompu qu’il était aux jeux de la politique (même s’il les détestait par ailleurs). Dire que ces larves insignifiantes trembler sur chacun de ses passages lorsqu’il était en grâce, elles se permettaient désormais toutes sortes d’insinuations. Insinuations suffisamment habiles d’ailleurs pour que Toranur ne puisse utiliser de moyens « persuasifs » pour les faire taire.
D’autant qu’à son retour, s’il avait été réintégré dans ses fonctions, il avait eu la surprise
de trouver une nouvelle coalition dans l’échiquier politique mener par une jeune femme nommée Alaena. Et cette humaine rouée avait réussie à s’imposer comme maîtresse du parti puissant des Numénoriens Noirs. Si Toranur avait ressenti comme un soulagement de laisser la pénible tâche de Grand maître des Exilés qu’il avait toujours eu en horreur. Mais rapidement, le maréchal avait déchanté. En laissant le pouvoir à Alaena, il avait perdu sa base de commandement sur l’armée et les officiers supérieurs se montraient bien plus rétifs qu’avant. Il avait fallu toute la prestance de Toranur, tout son charisme et son intelligence pour mettre les choses au clair et reprendre le commandement qui lui revenait de droit, à savoir celui de la force armée.
Une fois que cela avait été accompli, il lui avait été facile de mener à bien sa tâche de coordination et d’entraînement des troupes fraîches qui arrivaient incessamment au Mordor.

Heureusement, il y avait Raya avec lui. Raya, son épouse. Ce mot sonnait bizarrement dans l’esprit affairé du maréchal, cependant, il lui procurait une vague sensation difficilement identifiable mais qui était loin d’être désagréable. Que de courage il lui avait fallu pour demander ça mais elle avait répondu favorablement. Et aujourd’hui, elle était, avec lui, unie à jamais. Elle était son rayon de soleil, sa joie, sa raison de vivre. C’était grâce à elle et pour elle que Toranur avait fait tant d’effort pour retrouver une place digne de son nom au Mordor. Et il ne comptait pas s’arréter là. Lorsqu’il aurait reconquis la confiance pleine et entière de son maître, son héros, l’être qu’il respectait et adulé le plus au monde, alors il verrait pour s’asseoir à une place plus importante qui le mettrait à l’abri de ces mesquines paroles qui fleurissaient désormais sur son passage. Une brève vision de son père vint s’imposer à lui mais il la chassa prestement, incommodé comme à chaque fois. Il était vrai que Toranur s’était toujours gardé de l’ambition, source de corruption et d’affaiblissement moral selon lui, mais surtout, par opposition à la sinistre image de son père. Et aujourd’hui…Il fallait dire que bien des choses avaient changés en lui et malgré les six mois écoulés, il avait encore du mal à se retrouver complètement, même si cela n’émoussait en rien ses talents.

Cette réunion était tout de même des plus étranges, Toranur revint à son sujet de pensée principale, à savoir le pourquoi de cette audience. Il jeta un discret coup d’œil à Gralthorn, le surnommé oreille de Sauron, mais l’elfe semblait lui aussi assez étonné de cette convocation, assez subite, il fallait le dire.
Etrange, étrange. Si même Gralthorn n’était au courant de rien, c’était alors que leur Maître préparait quelque chose de grand et terrible, ou disposait d’une information secrète.

Bah, de toute manière, Sauron les tiendrait au courant à un moment ou à un autre. Mieux valait pour le moment s’inquiéter de problème plus réel. Ainsi, on lui avait rapporté peu de temps auparavant qu’une des légions n’étaient jamais rentrées et qu’effectivement, après recherche, on n’en avait retrouvé que des cadavres. Si on pouvait appeler ça des cadavres. Toranur ne s’était pas rendu sur les lieux mais il semblait que la légion ait été attaquée par une force puissante mais que les vainqueurs de la bataille se soit amusé grandement avec le corps des vaincus.
L’énigme était en effet assez intéressante, mais Toranur était bien plus inquiet des remaniements qui allaient être nécessaires pour combler les pertes que de la cause de l’extinction de ses hommes. Actuellement, les seules capable d’accomplir un tel exploit était les dragons ou les Balrogs qui avaient somme toute, bien le droit de s’amuser eux aussi. Et quand bien même ce serait l’œuvre d’une armée régulière, les forces endormies du Mordor était actuellement bien capable de la mettre en échec, il n’y avait donc pas à s’inquiéter de ce côté-là…

Discrète et bonne dernière, Alaena fit son entrée. Habillée comme à son habitude de noir, elle franchit les portes de la salle, pas le moins du monde pressée. Si Sauron les avait convoqué c'est qu'il voulait leur faire part de quelque chose d'important. Et si c'était si important, alors ils l'attendraient. Depuis quelques temps, la jeune femme avait su trouver sa place au Mordor et montrer son utilité. Sans être pour autant irremplaçable, elle se savait douée dans ce qu'elle entreprenait, à savoir la conquête du pouvoir et sa vengeance personnelle.

Pour en revenir à la convocation actuelle, elle jetta un coup d'oeil aux personnes déjà présentes. Khaedril, avec lequel elle avait eu peu de contacts jusqu'à maintenant.. Il faudrait y remédier, elle ne pouvait se permettre de laisser passer des gens ayant une certaine valeur sans mettre 'la main' dessus. Et visiblement, le Maître l'appréciait car il ne serait pas présent dans le cas contraire. Toranur et Raya étaient aussi présents. Toranur avec qui elle était quelque peu entré en concurrence peu de temps auparavant... Pour finalement s'allier avec lui. Et enfin, Raya, sa compagne, et maîtresse de l'ombre. Sans qu'elle n'ait de titre particulier, Alaena se doutait qu'elle était conseillère de Toranur. Les femmes ont des armes dont même les homes ignorent l'existence.

Après avoir salué le Maître avec une nonchalance frisant l'insulte, elle alla se mettre sur un côté, attendant qu'Il parle.

Désormais, tous ses conseillers étaient présents, tous se tenaient silencieux, attendant qu’il prenne la parole, tous étonnés de ce conseil aussi soudain qu’inopiné. Le maiar s’en sentit d’ailleurs empli d’une joie mauvaise. Il adorait surprendre ses subordonnés, surtout pour le genre de nouvelles qu’il allait annoncer.
Le Seigneur des Ténèbres laissa planer quelques minutes encore le silence dans la salle, puis, sa voix enchanteresses s’éleva, s’enroula autour des membres de l’assemblée, les charmant, les faisant tomber sous son charme. En cet instant, toutes les personnes présentes, même parmi les plus rompues au jeu de la politique du Mordor, furent séduites et les paroles de Sauron jugées comme les plus belles et les plus sacrées qui soit. Si le maiar usait de tels artifices avec ses serviteurs, c’était autant par caprice que par nécessité. Il savait ainsi que pas une seule de ses paroles ne seraient oubliées et que ses ordres ne deviendraient plus que l’absolue nécessité, du moins, pendant un temps…

« Mes amis, merci de vous être rassembler ici. J’eu aimé ne pas vous déranger, mais les nouvelles sont d’importances. Les Morts sont là. »

Aussitôt, la surprise s’inscrivit sur la face des personnes présentes. Qui étaient donc ces Morts ? Et quelle importance qu’ils soient là ou pas ?
Sauron laissa la surprise s’étendre, se transformer en interrogation avant de continuer.

« Oui, une sombre menace plane désormais sur nous. Les Morts, des spectres sortis des entrailles du monde, ont surgi et ne cherchent désormais plus qu’à nous détruire. Ils sont discrets et silencieux pour le moment, mais il ne tardera pas le jour ou ils s’affirmeront dans toute leur force. C’est pourquoi je vous ai fait venir ici, vous mes plus fidèles compagnons. »
Soudain, le maiar se tourna vers son maréchal et demanda :

« A ce propos maréchal Toranur, n’avons-nous pas une légion absente en ce moment ? »

Ce dernier ne laissa rien paraître mais nul doute que la question le troubla.

« Oui seigneur, c’est exact. J’ai envoyé mes éclaireurs enquêtés sur leur disparition et nous avons ainsi retrouvé leurs cadavres, mais, nous n’avons trouvé pour l’instant aucune trace de leurs opposants. Cependant, les recherches continuent et je saurais faire payer chèrement à ceux qui ont osé nous faire un tel outrage. »

« J’en doute fort mon cher Toranur. Oh oui, j’en doute très fort. »

Certains dans l’assemblée crurent que le maiar se moquait de l’incompétence de Toranur et se permirent des ricanements qui réussirent à faire monter le rouge au joue du bouillant guerrier mais Sauron les fit taire en reprenant la parole, et d’une voix plus sombre cette fois ci :

« Ne riez pas vous autres. Car c’est là l’œuvre des Morts. Je sais ce qui est arrivé à cette légion maréchal et aucune de vos unités n’auraient rien changées. Car les Morts ne craignent aucune lame. Je les ai vus. Mon Palentir me les a montrés. Les Morts ne pourront être vaincus par nos armées et c’est la raison de ce conseil. Sachez compagnons que nous allons affronter notre pire ennemi et pour cela, je veux que vous obéissiez à mes ordres car notre existence en dépend. Le ferez-vous ? »

Sauron s’était levé et sa voix avait pris en volume, en puissance et en intensité. Aussi, ensorcelée par cette voix magnifique, l’assemblée se leva comme un seul homme et répondit :

« Seigneur, ordonne et nous exécuterons ! »

Le Seigneur des Ténèbres sourit, comme ému (même s’il n’en était rien) et répondu :

« Je savais pouvoir comptez sur vous. Ecoutez-moi désormais et retenez mes paroles. Pour l’heure, malgré le Palentir, j’en sais encore trop peu sur les Morts pour pouvoir contrer leur puissance. Juste, ce que j’ai pu voir c’est que mon pouvoir arrivait à les contenir. Cependant, le Mordor est trop vaste pour que j’en assure toutes les frontières, il nous faut rassembler les hommes dans un rayon proche de nos citadelles. J’arriverais ainsi à assurer leur protection dans un rayon de 500 mètres environ. Seigneur Elmo, je veux que vous vous en chargiez. »

Un Numénorien petit et courtaud se leva, mit son poing sur son cœur en signe de compréhension puis se rassit.

« Je peux sans doute augmenter mon pouvoir de contre face à ces Morts si nous réussissons à reprendre mes citadelles de Dol Guldur et d’Angmar. Ainsi, il faudra effectuer un changement de souveraineté entre els armées d’Isengard et les nôtres. Dame Raya, ce sera votre légion qui en sera chargé. Vos 10 000 hommes et votre bataillon de femmes y prendre position et le tenir. Quant à vous maréchal Toranur, je vous charge de récupérer mon royaume d’Angmar des mains de la maison de Dor Lormin. Vous avez carte blanche en ce qui concerne les effectifs et les moyens. »

Sauron, qui s’était rassis depuis un moment, tourna cette fois ci son regard vers Gralthorn et Alaena.

« Le plus important malgré tout reste l’information. Alaena, je souhaite que vos espions glanent toutes les rumeurs qui traînent, mais aussi qu’ils surveillent toutes les cours de la terre du Milieu. Il y a des grandes chances pour qu’un des princes ait l’information dont nous avons besoin. Gralthorn, prenez contact avec Saroumane et ensemble, remuez toutes les bibliothèques connues et trouvez moi tout els documents faisant référence aux Morts. Quand à vous Khaedril, je veux que vous vous teniez sur le pied de guerre. Dès que Gralthorn ou Alaena vous l’indiquera, vous irez chercher l’information sans mettre en danger nos espions. Je n’en dis pas plus, vous connaissez votre travail. »

Sauron continua ainsi à donner ses instructions à tous ses généraux, puis sortit de la salle, indiquant que la réunion était terminée.

À peine Sauron avait-il finit de parler que Khaedril s'était levé, un sourire mauvais sur le visage. Il s'était incliné légèrement, posant un point sur son coeur en signe d'assentiment. Mais, si ce salut rituel donnait noblesse au Numénorien qui l'effectuait, chez l'assassin, l'effet fut plutôt celui d'un animal pervers et sadique obéissant aux ordres de son maître...
C'était, pour résumer, l'impression que donnait généralement Khaedril aux gens... Et ils n'étaient pas forcément dans le faux. L'assassin était un chasseur. Pire, un traqueur. Une machine à trouver et détruire... Telle était d'ailleurs la devise des soldats personnels de l'assassin... Il n'avait d'ailleurs d'autre titre que celui de Capitaine des Ombres, mais cela se suffisait...

"Il en sera fait selon vos désirs..."

Puis il se rassit, écoutant attentivement le reste de la réunion... Il y avait du mouvement. Beaucoup de mouvement. Il ne put s'empêcher d'être admiratif devant la capacité de Sauron à gérer autant de fronts en même temps... Réflexion faite, il supervisait de nombreux fronts, mais la gestion réelle était aux mains des généraux envoyés sur place... Il réfléchit rapidement... Il lui fallait trouver un moyen de s'introduire pour récupérer l'information, quel qu'en soit la localisation...
Cette histoire de morts ne lui faisait pas spécialement peur... Certes, le fait qu'ils ne puissent être tués était à prendre en considération, mais Khaedril avait en matière de retraite une certaine expérience... Il savait quand attaquer, et quand se replier stratégiquement... Dans le pire des cas, il se replierait de façon à mettre suffisamment de distance entre lui et les morts... Mais ces pensées ne lui étaient pas encore venues à l'esprit. Ce qui important, c'était que même pour son maître, ils représentaient une menace. Une menace qu'il fallait écraser... Nul doute que sa mission était en rapport direct avec elle... Mais il n'en savait pas plus. Il se contenterait des informations qu'il possédait. C'était sûrement mieux ainsi... Pour l'heure, il se concentrait sur assurer leur survie.
Il regarda Alaena du coin de l'oeil. Une femme de talent, habillée d'un joli minois... Il n'y avait pas de soucis à se faire... Elle trouverait, ou alors Gralthorn trouverait... Mais dans combien de temps? Mieux valait qu'il ait un peu de temps pour se préparer... Il voyait déjà se dessiner l'ébauche d'un scénario... Quelques perfectionnements, et ce serait parfait...
Il tourna son attention vers Toranur, bougeant toujours de la même façon... Parmi les gens dans la pièce, il était le seul à être assez avachit sur son siège... Ce qui ne l'empêchait pas de mouvements lents, mais précis. Il n'avait pas besoin de chercher dans la pièce la personne qu'il voulait regarder. Il savait où elles étaient. Il le fallait, pour être efficace... C'est pourquoi son regard se fixa sur Toranur... Grosse mission, carte blanche pour les moyens et le les effectifs... Mais le maréchal avait l'habitude de gérer de gigantesques armées... Cela n'était qu'un peu plus que de la routine pour lui...
En revanche, Raya se voyait confier une mission d'une haute importance... Reprendre une citadelle... Il rechercha dans sa mémoire qui en étaient les derniers occupants... Dol Guldur... Il lui semblait que c'étaient les troupes orientales... Même en infériorité numérique, ils formaient de fiers combattants... La mission ne serait que compliquée par le terrain... Bah! Voilà qui serait un bon test pour elle...
En revanche... Il regarda Alaena, non pas du coin de l'oeil, mais franchement. Dès que la jeune femme tourna son regard vers lui, il lui fit de la main un signe discret lui indiquant de le retrouver dans un couloir. Il allait avoir besoin d'informations sur la situation géopolitique actuelle en Terre du Milieu. Il devait aussi lui parler d'un rapprochement entre leurs services, qui serait profitable: après tout, les assassins ont besoin des informations que collectent les espions pour faire leur travail... Et parfois, les espions ont besoin des assassins... Il attendit ensuite la fin de la réunion.

Celle-ci prit bientôt fin. Une fois Sauron sortit, certains se penchèrent vers leur voisin, ou se levèrent pour rejoindre un autre et discuter. D'autres encore se précipitèrent au dehors, afin d'accomplir leur tâche au plus vite. Khaedril avait plusieurs de ces choses à faire avant de sortir.
Il se tourna d'abords vers Raya.

"Pardonnez de ne pas vous avoir saluée comme il se doit plus tôt... J'ignore quelles sont vos capacités de commandement, mais quelles qu'elles soient, je vous souhaite bonne chance... Vous allez en avoir besoin... Tout le monde en a toujours besoin, à un certain degrés..."

Puis il se leva, l'allure nonchalante, et se planta devant Toranur.

"Mes respects, Maréchal... Je vous souhaite de réussir dans votre entreprise... Je ne sais pas encore comment vous compter vous y prendre pour récupérer le royaume d'Angmar, mais puisque vous avez carte blanche... Si jamais vous avez besoin de quelque chose que je serais en mesure de vous fournir, n'hésitez pas... Je vous demanderai juste de ne pas m'emprunter, le cas échéant, d'hommes sans m'en avertir au préalable... Je vais avoir besoin de certains d'eux plus que d'autres..."

Il attendit une éventuelle réponse de Toranur, ou de Raya, même si aucunes de ses phrases n'en attendait. Il se permettait de les traiter tous deux avec un certain dédain, mais faisait montre, envers Toranur surtout, d'un certain respect... Sa proposition de lui fournir un quatuor d'assassins était tout à fait valable... Pour Raya... Il l'encourageait, mais attendait de voir ce qu'elle valait pour se faire une meilleure idée de la façon dont il devait la traiter...
Il se détourna, et fit signe à Trenglar de venir le rejoindre. Le bras droit attendait en effet que la réunion se termine, comme à son habitude. Se rapprochant de lui, les deux hommes eurent une discussion à voix basse.

"Nous allons devoir nous infiltrer... Je ne sais pas encore où, mais il faudra récupérer une information... Comment, on verra en route, mais il nous faut un plan, et il faut qu'il soit parfait. Essayes de me trouver dans nos équipes deux ou trois femmes, et qu'une d'entre elles soit suffisamment bien pour avoir l'air d'une fille de seigneur... Les autres, qu'importe, je veux les camoufler en..."
"Dame de compagnie et suivante?"
"Exactement... Fouilles les armureries, essaye de trouver une dizaine d'armures qui ressemblent à celles de chevaliers humains... Demande aussi à Lindelon de nous créer des armoiries valables... Nous allons avoir besoin de chevaux de race, pas les métis auxquels nous sommes habitués, quand bien même ils sont plus rapides et robustes... Heu... Trouves aussi parmi nos hommes un qui me ressemble, une fois que je me serai laissé pousser une barbe de deux ou rois centimètres... Dernière chose, je veux un chariot de transport noble avec de l'équipement camouflé dedans près à partir à la Porte Noire et à Minas Morgul..."
"Je m'en vais donner ces ordres... Qui sera de la partie?"
"Je ne sais pas encore, mais je pense que tu en seras... Il me faudra aussi un autre des Ombres... On verra suivant l'endroit où on va..."

Trenglar salua Khaedril avant de s'éclipser comme il était venu... Khaedril, lui, se dirigea lentement vers la sortie, comme plongé dans ses pensées... Si Alaena n'avait pas vu son signe? Bah! La connaissant, ils ne tarderaient sûrement pas à faire connaissance, d'autant que leurs missions les obligeaient à communiquer afin d'assurer une efficacité maximale...
Un sourire carnassier se dessina sur son visage. De l'action. Enfin, un vrai défi se présentait à lui... Voilà qui promettait d'être assez amusant...

Raya, était en pleine réflexion après les paroles de Sauron ; d’ailleurs, elle l’avait regardé partir de loin, avec plus ou moins d’intérêt. Dans ses rangs, les effectifs étaient réduits, une centaine seulement, et certaines guerrières disparaissaient mystérieusement, semblant malades, surtout une, absente depuis maintenant plusieurs mois.
L’histoire des morts l’inquiétait quelques peu ; et si elle revoyait ses Démons, son frère Abbes, son amour Saladin… ? Et tant d’autres…

Soudain, elle fut interrompue par l’assassin, qui venait la saluer, d’une manière qu’elle trouva plus ou moins insolente.

- Pardonnez de ne pas vous avoir saluée comme il se doit plus tôt... J'ignore quelles sont vos capacités de commandement, mais quelles qu'elles soient, je vous souhaite bonne chance... Vous allez en avoir besoin... Tout le monde en a toujours besoin, à un certain degrés...

Elle se leva avec fracas, près de l’assassin, elle le fixa, avec une pointe de colère.

- Je n’ai pas besoin de vos simagrées, et d’ailleurs je m’en passerai bien vu vos manières… « Mes respects » Monsieur Khaedril…

Du coin de l’œil, elle regarda Toranur avec un sourire ironique, baissa tristement le regard et se dirigea vers la sortie. En réalité, elle n’était plus de bonne humeur, le fait de se savoir séparée du Numénorien pendant un moment la blessait au plus au point, mais après tout, c’était leur mission…

La guerrière sortit de la salle du trône, suivie par une jeune femme de taille moyenne, habillée d’une simple robe de paysanne. C’était une fidèle servante de Raya nommée Layla. Avant de pousser la lourde porte, la femme du serviteur de Sauron se détacha les cheveux.

- Dame Raya !

Elle se retourna surprise.

- J’ai quelques nouvelles à vous…

La servante n’eut pas le temps de répondre que l’Orientale la bâillonna de sa main et la traîna hors de la salle.
Une fois à l’extérieur, elle la libéra.

- Que ce passe t-il ?
- Il y a un problème dans notre « armée »...
- Plait-il ?
- La guerrière absente depuis quelques mois… elle est morte… en couche…

Le regard de Raya s’assombrit, après de vifs souvenirs. Sa voix devint rauque.

- Où est l’enfant ?
- Je l’ignore ma Dame…

Il y eut un silence, la femme guerrière bouillonnait de fureur. Elle hurla les ordres suivants.

- Retrouvez-le !!

Puis, elle se pencha à son oreille, plus calme.

- Et renvoyez toutes les autres femmes enceintes ! Nous ne pouvons pas prendre autant de risques… Tiens moi au courant dès ce soir de tes avancements, je passerai dans la journée pour voir mes "soldats".

La servante s’en alla sans un bruit, laissant la jeune femme à ses réflexions. Elle s’adossa contre le mur, près de la porte, tapie dans l’ombre.

- Voilà un problème que je n’avais pas envisagé… c’est dur d’être une femme… surtout en temps de guerre…

Toranur sentit les paroles de Maiar l’entourer comme à chaque fois et il n’essaya même pas de lutter. Il se laissa aller avec douceur dans ce flot si extatique, procurant cet indéfinissable sentiment de jouissance lorsque Sauron parlait, et cette cruelle sensation de manque lorsqu’il cessait. Malgré tout, Toranur restait concentré sur ce qui se disait et fut fort étonné par les paroles du Maiar, surtout lorsqu’il s’adressa à lui :

« A ce propos maréchal Toranur, n’avons-nous pas une légion absente en ce moment ? »

Ce dernier ne laissa rien paraître mais il se sentait pris en faute. Pourquoi Sauron lui parlait-il de cela maintenant ?

« Oui seigneur, c’est exact. J’ai envoyé mes éclaireurs enquêtés sur leur disparition et nous avons ainsi retrouvé leurs cadavres, mais, nous n’avons trouvé pour l’instant aucune trace de leurs opposants. Cependant, les recherches continuent et je saurais faire payer chèrement à ceux qui ont osé nous faire un tel outrage. »
« J’en doute fort mon cher Toranur. Oh oui, j’en doute très fort. »
A ces mots, certains dans la salle affichèrent un regard moqueur ou rirent doucement tandis que les joues du maréchal, tout habitué qu’il était, commençait à rougir sous l’insulte qui lui était ainsi faites. Mais Sauron ne faisait que le manipuler, lui ainsi que toute l’assemblée. Restaurant le calme, redonnant sa dignité à son soldat, il continua son exposé. Lorsqu’il demanda si ses subordonnés étaient prêt à le suivre, Toranur bondit sur ses pieds, et sa voix s’éleva avec celle des autres sur le ton de son dévouement, à nouveau parfait et sans faille. Puis, Sauron commença lentement à donner ses instructions que Toranur écouta avec la plus grande attention, essayant de percevoir toutes les implications que chaque ordre amenait. Car cette nouvelle mission que Sauron affectait à chacun était loin d’être anodine. Elle aurait une importance cruciale sur l’Histoire de la Terre du Milieu, mais surtout, se révélait un des plus grands challenges du Mordor. Car si le pouvoir du Seigneur des Ténèbres n’était suffisant à les vaincre, alors les chances de l’emporter serait des plus infimes, d’autant qu’espérer d’une alliance avec les autres peuples relevait de la pure utopie. Toranur n’aimait pas ça du tout. Lui, il était un guerrier et tout ce qui avait trait à la magie le révulsai, peut être suite à ses échecs lorsqu’enfant son père voulut l’y initier ? Toujours était-il qu’une fois encore, il veillerait à se cantonner à son rôle. Que l’acier combatte l’acier, et la magie combatte la magie, voilà quelle était sa ligne directrice et il continuerait à croire que Sauron était le seul être capable de les sortir de cette situation.

Alors que le Maiar sortait de la salle, le maréchal se mit à réfléchir plus posément à sa nouvelle mission qui lui plaisait au plus haut point : récupérer l’Angmar avec n’importe quel moyen que le guerrier jugerait bon. C’était son unique chance de prouver qu’il n’avait rien perdu de sa valeur. Aussitôt, alors que tous les serviteurs de Sauron se levaient bruyamment pour commenter les nouvelles, Toranur resta assis encore quelques instants, élaborant déjà en son esprit un plan optimal qui lui assurerait le maximum d’éclat avec le moins de pertes.
C’est alors qu’il entendit la voix de Khaedril s’élever près de Raya et il tourna les yeux pour voir la nouvelle Ombre de Sauron s’adresser à sa femme, de manière polie, mais avec un soupçon de dédain. Les rapports entre l’assassin et le couple n’étaient pas des meilleurs mais la nécessité de cohabiter avait forcé les deux camps à consentir à des efforts…
Il rendit son sourire à sa femme, même s’il savait que les paroles de Raya n’auraient aucun effet sur Khaedril. Puis, il la vit s’éloigner à grands pas dans la salle, allant sans doute préparer sa nouvelle mission. Toranur regretta un instant qu’elle parte si vite. Il aurait aimé l’embrasser avant qu’elle sorte car il se doutait qu’il n’aurait pas l’occasion de la revoir avant que lui-même ne parte pour l’Angmar, la rapidité était en effet sa meilleure arme pour ce qu’il s’apprétait à accomplir.
Eloignant ces puérils regrets, il fit face à l’assassin qui s’était à présent levé et se tenait face au maréchal, le dominant de sa petite taille dans une posture nonchalante.

Toranur ne savait d’ailleurs toujours pas quoi penser de l’homme face à lui. La blessure que cet homme avait infligé à son orgueil, et ce par deux fois, et l’apparence négligée de Kahedril, ou plutôt Sefir, faisait que Toranur ne souhaitait qu’une chose, lui rendre l’humiliation subie et avoir le moins de relations possibles avec lui.
Mais dans le même temps…Khaedril était un maître dans son art, il avait une manière de sentir els chose, de les percevoir avant qu’elles n’arrivent et de les interpréter qui ne pouvaient que forcer l’admiration du maréchal. Si Toranur était l’incarnation du guerrier de Numenor dans toute sa splendeur, Khaedril était lui, le symbole vivant du loup calme et patient qui attend la nuit. Par certains aspects, l’assassin faisait penser à Croc Noir, le fameux animal canin de Toranur. Tout deux avait le même aspect sauvage et puissant, la même démarche fluide et souple, et dans le même temps décontractée. En clair, il n’arrivait pas à déterminer d’une ligne de conduite vraiment stable face à cet homme.
Restant assis, il répondit avec courtoisie mais teinté d’une certaine froideur :

« Merci de votre offre, je pensais en effet vous emprunter quelques uns de vos éléments. Mais rassurez-vous, je connais les limites de mon autorité et n’irez pas chercher querelle à votre département. »

Il laissa le silence planer entre eux quelques instants, puis, se levant, il ajouta :

« Je vous ferez parvenir mes besoins dans quelques heures…Et, prenez garde pour votre mission, j’ai l’impression que ces ennemis sont d’un calibre bien différent. Bonne chance. »

Toranur s’inclina et s’éloigna, droit sur Alaena. Ces derniers temps, la jeune femme était très sollicitée et Toranur avait besoin de deux ou trois informations avant d’aller accomplir ses préparatifs. De plus, comme Khaedril semblait déjà avoir réservé un créneau…
Arrivée devant elle et Gralthorn, il salua brièvement l’elfe de la tête et fit le baise-main à Alaena. Il savait bien que l’elfe n’était désormais plus que l’ombre de lui-même. S’il conservait toute sa puissance, la véritable autorité était passée aux mains d’Alaena. Toranur ne savait pas par quels moyens la jeune femme avait réalisé ce tour de force, mais pour l’heure, il avait compris qu’il valait mieux l’avoir dans son camp que contre elle, d’où certains arrangements entre les deux…

« Bien le bonjour Gralthorn. Mes hommages Dame Alaena, vous êtes toujours aussi resplendissante. Ce conseil était fort instructif n’est-ce pas ? »

Il enchaîna ensuite rapidement, quittant le ton des politesses pour celui des affaires.

« Désolé de venir vous importuner comme cela mais je vais avoir besoin de vos services. En effet, j’aurais besoin d’obtenir un compte rendu précis sur la situation en Angmar avant mon départ à l’aube demain matin. Pensez vous que votre département pourrais me l’accomplir dans ces délais ? »

Retirée dans son coin mais avec une vue imprenable sur l'ensemble de la salle, Alaena était très attentive et réceptive au discours de Sauron. Le Maître, en plus d'être le dirigeant 'officiel' du Mordor, savait manier les mots avec précision. Bien des créatures s'étaient perdues dans les méandres de ses discours, sous entendant bien plus que l'on pouvait le penser. Malgré tout, et comme toutes les personnes dans la salle, le voix du Maître eut un effet de plénitude sur Alaena. Son coeur et son âme si vide et si insensibles se remplirent au son de Ses mots. Elle se sentait grandie, puissante.

Comme tous les autres, elle se leva à l'unisson pour déclamer avec force son dévouement total... qui n'était pas dénué d'ambitions. Qui ne le serait sans doute jamais. Alors que le Maître quittait la salle, elle resta quelques secondes songeuse, envisageant la mission confiée par Sauron. Surveiller toutes les cours... Elle avait eu le temps d'installer quelques personnes qui pourraient lui rapporter un certain nombre d'informations, notamment au Gondor et au Rohan, où ses espions passaient inaperçus, compte tenu de la taille importante de la cour. Il y avait aussi de nombreux autres endroits ou elle avait corrompu et fait pression pour que les habitants livrent régulièrement leurs informations... Mais la tâche ne serait pas aisée, surtout que le temps pressait. Et pour certains endroits, elle devrait s'y rendre sur place..

La jeune femme avait remarqué le signe de Khaedril et envisageait déjà les informations qu'elle pourrait obtenir de sa part. Et leur collaboration. Visiblement, le jeune assassin pensait la même chose qu'elle. Toujours sans avoir bougé d'un pouce depuis qu'elle était entrée dans la salle du trône, Alaena assista à l'échange entre le couple formé par Toranur et Raya, et l'assassin. Raya semblait de nature impulsive, et certainement très sensible. Du moins plus qu'elle ne le devrait... Alaena n'arrivait pas à se former une opinion sur le couple. Elle reconnaissait en Toranur des qualités certaines et une expérience qui lui serait très certainement utile dans le futur, mais Raya était indiscernable.

Alaena finit tout de même par sortir de son coin reclus, après que Raya ait quitté rapidement la pièce à la suite de Khaedril et de bien d'autres avant eux. Toranur l'aborda avant qu'elle n'ait franchi les immenses portes noires.

- Bien le bonjour Gralthorn. Mes hommages Dame Alaena, vous êtes toujours aussi resplendissante. Ce conseil était fort instructif n’est-ce pas ?

Il fit une pause, sans laisse le temps à la jeune femme de répondre. Inutile de dire qu'elle trouvait toute marque de courtoisie comme superflue et presque insultante, et qu'elle se montrait très sarcastique.

- Désolé de venir vous importuner comme cela mais je vais avoir besoin de vos services. En effet, j’aurais besoin d’obtenir un compte rendu précis sur la situation en Angmar avant mon départ à l’aube demain matin. Pensez vous que votre département pourrais me l’accomplir dans ces délais ?

Très bonne question. Angmar faisait partie de ces contrées dans lesquelles les habitants lui fournissaient des renseignements, mais les envoies de données s'étaient de plus en plus espacés ces derniers temps. Elle avait rajouté cela à sa liste de choses à arranger. Néanmoins...

- Je pourrais vous fournir un compte rendu sur la situation en Angmar mais il manquera très certainement de précisions. Je pars sur le champ dans les contrées, j'aurais quelques missions à effectuer d'ordre...

Elle resta songeuse. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait plus parcouru les contrées. Et qu'elle n'avait plus pu torturer... Exercer cet Art auquel elle se plait tant. Un doucereux sourire vint traverser son visage.

- Je vous ferais parvenir des rapports précis. Vous connaissez le code pour indiquer votre position, si vous partez, faites moi la parvenir, un messager vous tiendra informé. Si vous avez besoin de quoi que ce soit d'autre, quelqu'un du service vous renseignera.


Elle n'avait plus rien à rajouter, et s'était déjà montré bien assez aimable comme ca. Elle avait su se montrer indispensable, ils avaient besoin d'elle, alors pourquoi les ménager? Le Maître reconnaissait son travail, et mis à part lui il n'y avait plus personne au dessus d'elle. Son réseau de renseignement étaient bien assez important pour qu'elle sache qui était une menace ou qui ne l'était pas. Tournant les talons, elle franchit la porte et croisa Khaedril, attendant dans un recoin du couloir. Se rappelant son signe quelques minutes auparavant, elle s'arrêta à ses côtés et lui annonça.

- Nous avons besoin de parler. Connaissez vous un endroit un tant soit peu sur?

En attendant qu'il réponde, elle le détailla. Son visage était marqué, mais charmant. Il avait le profil type d'un assassin, et peu à peu un plan germait dans l'esprit retords de la jeune femme...

Khaedril était en effet appuyé à un des murs de marbre noir du couloir... Les bras croisés, il attendait patiemment que sorte Alaena.

"Nous avons besoin de parler. Connaissez-vous un endroit un tant soit peu sûr?"

Un demi sourire s'inscrivit sur le visage de l'assassin. Il ne savait pas pourquoi, mais il trouvait la question assez amusante. Son visage se lissa de nouveau quand il pris la parole.

"En effet, il faut que nous parlions... Quant à un endroit sûr... J'en connais bien un... Je vous garanti que mes appartements comptent parmi les endroits les plus sûrs de cette terre..."

En effet, il fallait être relativement suicidaire pour s'introduire dans les appartements de Khaedril sans autorisation... Seul Sauron avait réellement ce privilège. Sitôt arrivé, l'assassin avait apporté quelques modifications de son crû à la porte: il y avait maintenant un jeu dans la serrure, qui obligeait quiconque voulait s'introduire à une manoeuvre complexe, à la manière des codes tournant.
De plus, ils offraient l'avantage d'être plus proches de la salle de réunion que ceux d'Alaena. Utiliser une salle de réunion ne serait guère prudent. De même qu'un couloir... Khaedril fit signe à la jeune femme de le suivre, et, toujours de sa démarche nonchalante et alerte à la fois, s'avança dans les couloirs... Il lui avait fallut un certain temps pour en mémoriser l'agencement, et même à ce jour la majeure partie de la tour lui était inconnue...
Le trajet se déroula en silence. Khaedril ne savait trop comment se comporter avec Alaena... C'était la première fois qu'ils auraient une discussion véritable. Pour l'instant, il ne la connaissait que part les quelques fois où il l'avait aperçue dans les couloirs, et surtout par les lettres et les rapports qu'il recevait... Elle avait un talent certain pour réunir des informations. À vrai dire, sans elle, il aurait eu beaucoup plus de difficultés et aurait mis plus de temps à accomplir ses missions...
Parvenus devant la fameuse porte, Khaedril retira une clef de sa botte, l'introduit et la fit tourner plusieurs fois et selon des angles différents, l'enfonçant un peu plus à chaque fois, jusqu'à ce qu'un clic se fasse entendre... Il poussa le battant, et retira la clef.

"Une petite sécurité... Très pratique, il suffit de claquer la porte pour refermer le mécanisme... Et de l'intérieur, pas besoin... Après vous...."

Malgré ses paroles, il se faufila à l'intérieur. Les appartements étaient simples, divisés en quatre pièces, conçues pour qu'on puisse se déplacer de l'une à l'autre sans passer par des espaces intermédiaires. De fait, et comme les larges battants étaient toujours ouverts ou presque, il y avait dans cette pièce une certaine sensation d'espace...
Les murs étaient pour la plupart nus. Mis à part des armes accrochées ou disposées sur des râteliers en une collection impressionnante. Il y avait de tout, du sabre à la dague, mais uniquement des armes tranchantes... Il y avait une ou deux haches, mais elles étaient visiblement peu utilisées, et plus conçues pour la survie que pour le combat. Khaedril avança encore, arrivant dans une pièce décorée comme précédemment, où trônaient un lit, et quelques fauteuils.
Décrochant son sabre, qu'il remit à sa place, il ouvrit un petit meuble contenant des boissons, s'en éloignant aussitôt pour se planter devant le présentoir sur lequel était accroché le reste de son armure: ces bandes de cuir épais qu'il enroulait autour de ses bras, cette ceinture à laquelle pendaient toutes sortes d'accessoires,... Il commença à retirer le reste, qu'il portait sur lui.

"Faites comme chez vous... Si vous avez soif, servez-vous..."

Il se débattit un court instant avec un des lacets de cuir, avant de la retirer. Non pas qu'elle fut désagréable à porter, au contraire... Il caressa amoureusement la soie qui protégeait sa peau du contact prolongé avec le cuir, et le métal fatigué qui l'avait protégé de si nombreuses fois... Revenant à la réalité, il déposa le tout, et ramassa une veste posée sur un fauteuil. Celle-ci était de lin noir, et se fermait en croisant les deux pans, maintenus par un simple noeud à une ceinture...

"Excusez-moi, je n'ai pas souvent l'occasion de me mettre à l'aise... Donc... Je voulais vous parler à propos de cette mission... Je sais que vous allez être très occupée, mais il faudrait que quelqu'un dans votre service se charge de rassembler des informations sur chaque cour de l'Ouest. Il me faut les plans des Palais, les noms des courtisans, bref, la routine. Je ne sais pas encore où je devrai me porter, mais mieux vaut avoir un plan pour chaque cas, quitte à n'en appliquer ensuite qu'un seul... Si l'information est autre part... Je ne vois pas où pourrait être cet autre part... Il faudra improviser, je n'aime pas ça, mais on ne peut pas prévoir un plan pour chaque endroit..."

Il sourit, comme pour s'excuser.

"Je manque à tous les usages... Même si vous n'avez pas l'air de vous en souciez outre mesure. Je n'ai jamais eu la chance d'être éduqué à autre chose que la survie. Ce qui dans mon...travail, se résume à lire, écrire, parler une ou deux langues, et se battre..."

Il prit place dans un des fauteuils.

"Vous comptez partir rapidement? Si vous voulez un garde du corps, je vous ferai accompagner d'un de mes hommes..."

Il pouvait se permettre de laisser quelques assassins à Toranur et un ou deux autres à Alaena... Il en avait une centaine à ses ordres... Une arme de l'ombre, pire que les grands hosts...

L’échange fut bref et la jeune femme s’éloigna à pas pressé de Toranur, suivi de Gralthorn, le maréchal restant sur place, la regardant s’éloigner. Il tourna ensuite la tête tout autour de lui et ne vit que regard fuyant, non pas par crainte ou admiration comme jadis mais d’amusements et de mépris. Il ne pouvait en vouloir à Alaena d’être désormais dans cette position, c’était lui-même qui avait le premier accompli l’erreur qui le pousserait dans le précipice, mais l’arrogance dont faisait preuve la jeune femme énervait au plus haut point le maréchal. Certes, lui aussi était un homme orgueilleux, mais il avait toujours su se maintenir à sa place, sachant qu’au dessus de lui, il y avait les règles et Sauron. Ce n’était pas le cas d’Alaena. Pour Toranur, elle n’était jamais qu’une simple opportuniste qui ne suivait d’autres voies que son profit personnel. Contrairement à Khaedril ou lui-même, elle n’hésiterait sans doute pas à mettre à l’eau les plans de son « maître » si cela pouvait l’avantager. Et s’ils étaient nombreux les êtres à penser comme ça, Toranur trouvait dangereux qu’elle dispose d’autant de pouvoir.
Il était temps qu’il réagisse. Il avait toujours détesté la politique mais privé désormais de pouvoir et étant marié, ses conceptions avaient quelques peu changés, même s’il ne savait pas encore à quel point. Refermant brutalement sa main, il observa longuement son reflet dans le gantelet d’acier qui épousait parfaitement la forme de sa main. Oui, il ne s’avouait pas vaincu, s’il avait perdu la majeure partie de ses propres services de renseignements, englobés par ceux de Gralthorn, il disposait d’encore quelques sources fiables et indépendantes, mais surtout, d’or et d’argent en grande quantité. Cette nouvelle mission que lui donnait Sauron était bien le moyen de redresser la tête, mais pour réussir, il lui fallait d’autres troupes que les conventionnelles. Ces dernières étaient toutes dévouées, consciemment ou pas, à Alaena, Grande Maîtresse des Exilés. Les mercenaires étaient donc les seules troupes à même de lui permettre de réussir. Cela faisait d’ailleurs un moment que Toranur pensait à les utiliser…

Bougeant enfin, il se dirigea vers la sortie, juste à temps pour apercevoir Khaedril et Alaena disparaître à un coin de mur. Le maréchal sourit en lui-même alors que son fidèle Isnak venait se placer à ses côtés.
Il n’y avait pas eu que du mauvais dans le retour « forcé » au Mordor, Toranur avait ainsi retrouvé ses vieux compagnons d’armes qu’étaient Isnak et la garde hétéroclite qui l’entourait. Si les officiers s’étaient montrés réticents à sa reprise de fonction, ses hommes l’avaient accueilli sans un mots mais soulagés de retrouver leur chef. Cela avait d’ailleurs permis à Toranur de reprendre la main lors de certains débats houleux…

« Isnak, nous partons demain à l’aube. Tu veilleras à ce que notre compagnie soit prête. Mais avant, je veux que tu portes un message au seigneur Khaedril, dans sa propre chambre puis que tu ailles me chercher le commandant de cette fameuse compagnie de mercenaires qui nous a posés quelques problèmes dans le ravitaillement. »

« Vous voulez parler de la Compagnie Noire sire ? »

« Oui, c’est bien de celle là. Tu me l’amèneras dans mon bureau aux étages supérieurs. Là haut, je te donnerai de nouvelles instructions. »

« Il en sera fait selon votre bon plaisir. »

Toranur hocha simplement la tête puis souleva la protection de son avant bras. Dessous, se trouvait astucieusement dissimulé, un écritoire avec le nécessaire à écrire. Toranur déplia l’écritoire, détacha le pot d’encore qu’il ouvrit avant de saisir la plume et de commencer à écrire sur le morceau de parchemin posté sur le plan de travail un court mot. Il referma le pot, le rattacha avec la plume, sortit un nouveau parchemin, puis referma le tout. Ce dispositif était particulièrement utile pour transmettre des consignes en chevauchant ou au milieu d’une bataille. Le maréchal donna le parchemin à Isnak qui le saisit et s’éloigna dans les sombres couloirs de Barad Ur. Si Isnak n’était pas une ombre, il se déplaçait en tout cas avec la même facilité et la même discrétion…

Toranur ne s’arrêta pas pour le regarder et monta directement à son bureau. Il avait encore des choses à faire…


Dans la chambre de Khaedril :

Alors que les deux personnes dans la pièce discutaient, Khaedril entendit des bruits de pas devant sa porte. Puis, les suivant de peu, un léger coup donné à la porte tandis qu’une lettre était glissé à la porte avant que ne retombe un silence complet.

Sur la lettre étaient écrits ces quelques mots.

Citation :

Sire Khaedril

Suite à votre proposition, j’aurais aimé que vous mettiez à ma disposition pour demain matin à l’aube un quatuor.

Veuillez recevoir mes plus distinguées salutations

Toranur

PS : Transmettez, je vous prie, les coordonnées qui suivent sur la feuille à Dame Alaena. Je sais qu’elle en fera bon usage…

Suivait ces mots un drôle de code qui semblait correspondre à celui utilisé par les espions. Toranur aurait pu adresser ses coordonnés directement à Alaena mais il tenait à ce qu’elle sache qu’il n’était pas dupe…Il était peut être disgracié, mais non dénué de puissance…

Interdite, Alaena obsera le mécanisme mis au point par l'assassin pour empêcher quiconque de pénétrer dans son antre. Astucieux, mais cela ne resisterait certainement pas à un assaut de grosse envergure. Un peu de poudre noire ou de magie et la porte sauterait. Quoi qu'il en soit, ses quartiers privés étaient bel et bien hors de l'atteinte des espions de la jeune femme.

Une fois entrés, Alaena contempla ses quartiers. Sa préférence pour les armes était clairement affichée, et ce lieu respirait un certain mystère. Pour faire bref, il était à l'image même de Khaedril, assassin de métier à l'histoire bien mystérieuse..

"Faites comme chez vous... Si vous avez soif, servez-vous..."

Soif? Oui elle avait soif, mais elle était aussi de nature très méfiante, même envers ses propres amis, aussi elle ne fit aucun geste. Elle était très bien débout, et elle boirait une fois rentré à ses propres appartements. Elle était là pour affaires, inutile d'attendre plus longtemps et de passer par des cents et des milles de politesse.

Elle écouta attentivement son discours, son cerveau rassemblant les diverses informations qu'elle avait déjà.

- Travailler avec vous à mes côtés serait un honneur Khaedril. Et comme je viens de le dire au Maréchal, je n'ai pas la main mise sur toutes les informations. C'est une des raisons qui font que je doive aller les recueillir moi même.

Elle ajouta, avec un éclat de cruauté au fond des yeux.

- Et ne dit on pas que l'on est jamais mieux servi que par soi même? Bref, pour en revenir à nos projets, je vous fournirais ce que vous avez besoin, mais ce ne pourra pas être immédiat. Il me faudrait savoir ce qui vous est le plus indispensable, que je puisse organiser mon travail. Vous connaissez bien sur les usages pour garder ces informations un tant soit peu secrètes.

Les secondes passèrent, les échanges entre eux deux passèrent peu à peu du domaine professionnel, si on pouvait le considérer comme cela, au domaine un peu plus privé. Alaena n'était aucunement disposée à parler d'elle même aussi s'intéressa t-elle à l'histoire de l'assassin. Qui sait si cela ne lui servirait pas à l'avenir?

- Nos propres histoires semblent donc être bien différentes... Si je puis me permettre, ou avez vous passé votre enfance? Et qui vous a initié aux arts que vous maîtrisez dorénavant si bien?

La réaction de l'assassin était imprévisible, aussi prenait elle de multiples précautions. Formules de politesse qui lui écorchaient la langue et flatterie sont parfois des amies...

Alors qu'il prit place dans un de ses fauteuils, la jeune femme se déplace, le bruit de ses armes sonnant dans l'air humide.

"Vous comptez partir rapidement? Si vous voulez un garde du corps, je vous ferai accompagner d'un de mes hommes..."

- Je vous remercie de votre proposition, mais je doute qu'un de vos hommes me soit utile. La discrétion est mon alliée, et je me fais régulièrement un plaisir de combattre ceux qui osent m'attaquer. APrès tout, cela me permet de faire un peu d'exercice..

Combien d'hommes, de nains, d'orcs avait elle tué avant d'acceder au pouvoir? Nul ne le savait, et il y avait bien longtemps qu'elle en avait perdu le compte..

Khaedril sourit. Il avait misé juste: la jeune femme n'avait que faire des usages et politesses... Il n'avait eu qu'à observer sa réaction, la pointe d'un agacement apparaître sur son visage pour s'en persuader... Un bon point.

"Pour affiner les champ de recherche, je vais résumer la situation. J'ai un plan qui peut s'appliquer à peu près n'importe où, tant qu'il s'agit d'une cour. Il nécessitera des modifications si jamais c'est une cour elfique, mais passons... En conséquence de quoi, j'ai grand besoin des plans des principaux palais des Royaumes de l'Ouest, ainsi que d'une liste de principaux courtisants..."

Oui... Avec cela, il en avait largement assez...

"Quand à garder secrète ces informations..."

Il fut interrompu par trois coups frappés à la porte, et le passage d'une lettre sous cette dernière. Le changement d'attitude de l'assassin fut assez spectaculaire: les coups n'avaient pas fini de résonner qu'il était sur ses pieds, une dague courbe tirée d'on-ne-sait-où à la main, courbé, quelques mèches folles tombant devant son visage, fixant la porte avec méfiance... Il resta ainsi quelques secondes avant d'aller se saisir de la lettre.
L'espace d'un instant, on avait pu avoir une idée de la façon dont il agissait en mission. De décontracté et légèrement endormi, il était devenu vif, alerte... Mais cela montrait aussi chez lui une certaine paranoïa... En fait, c'était, qu'il le veuille ou non, uniquement grâce à cette paranoïa qu'il avait survécut... Toujours s'attendre au pire...
Il lut la lettre, eut un sourire. Décidément, Toranur voulait retrouver sa place par tous les moyens possibles... Le vieux loup n'hésitait pas à faire savoir qu'il avait encore de la ressource... Redevenant sérieux, il tendit la missive à la jeune femme, rengainant son arme de l'autre main.

"Il y a une partie pour vous... Quand à garder des informations secrètes, j'ai une méthode pour cela... Un langage qui a fait ses preuves... Il n'a pas de nom..."

Il revint s'asseoir.

- Nos propres histoires semblent donc être bien différentes... Si je puis me permettre, ou avez vous passé votre enfance? Et qui vous a initié aux arts que vous maîtrisez dorénavant si bien?

À ces mots d'Alaena, le regard de l'assassin se fit soudainement vague... Son enfance... Sa formation... Voilà des souvenirs auxquels il n'avait plus le privilège d'avoir totalement accès...

"Je ne me souviens plus très bien... Mes parents sont morts alors que j'avais quatre ou cinq ans lors de l'attaque de leur caravane... Ils étaient marchands... Les troupes de Tulkor... Enfin, ils sont morts... Je suppose que c'est une façon polie de le dire... Ma mère fut violée et tuée, mon père décapité et pendu à un crochet fixé sur un arbre... J'étais caché dans les broussailles... Je n'osais pas sortir... J'ai dû m'endormir, car quand on m'a réveillé, il faisait nuit. Il y avait un homme, grand, pâle, je pense que c'était un Numénorien Noir... Il se nommait Almandar... C'est lui qui m'a recueillit, et qui m'a formé..."

Khaedril releva les yeux. Il ne se souvenait pas de grand chose d'autre... Ironie du sort, son cerveau rendu confus suite aux tortures endurées avait mélangé les souvenirs de l'attaque d'une caravane PAR Sefir, de la véritable façon dont ses parents étaient morts, et du premier nom qu'avait jamais porté l'assassin, resurgi des du fin fond des tréfonds de l'abîme profonde de sa mémoire...
Il y eut un moment de silence gêné avant qu'il ne reprenne la parole, demandant à Alaena si elle avait besoin de protection. Ce à quoi elle répondit par le négatif...

"Vous êtes bien comme on vous m'a décrite... Le peu que je sais de vous se résume à une personne ayant des ambitions et ne reculant devant rien pour les atteindre... Au passage, c'est une bonne chose d'avoir toujours une arme sur soi, mais je vous conseillerai d'attacher vos fourreaux à vos membres par des lanières, de façon à ce qu'ils ne tintent pas quand vous vous déplacez..."

Alaena était attentive aux paroles de Khaedril. Ses mots pouvaient lui être précieux ou bien au contraire, dangereux comme du poison. Ici, il n'était pas bien difficile de faire la différence, l'assassin était semblable à lui même, ni trop alerte, ni trop détendu. Il lui fallait ainsi les noms des principaux courtisans.. Pourquoi faisait il appel à elle? Les principaux courtisans sont connus pour être les plus visibles, et obtenir leurs noms ne demande souvent pas bien de difficultés. Quoi qu'il en soit, elle le ferait, puisque le rôle qu'elle jouait au Mordor le lui exigeait et que le Maître le lui avait expressément demandé.

« Je vous obtiendrais le tout en peu de temps, et avec les moyens qui seront à ma disposition. Et puis d'après ce que j'ai cru comprendre, qui sait si nous ne nous croiserons pas au beau milieu d'une de ces oppulentes cours qui poluent la terre du milieu de ses débris.. »

Elle eut une moue de dégout. Ces gens l'orripilaient. Ils se prélassaient au chaud dans des château avec pour seule inquiétude la robe que les demoiselles porteraient le soir ou pour d'autres, si le Roi en place allait les remarquer au cours de la soirée à venir. Ces gens étaient imbus d'eux même de leur pouvoir et de leur grandeur si... abstraite? En un sens, ils n'étaient pas bien différents d'elle même, mais elle avait le véritable pouvoir : celui de la mort. Nombre de Rois et de régents en font les menaces, mais bien peu savent s'en servir utilement, bien peu encore savent vraiment la donner ou l'ont déjà donnée. Elle, Alaena, s'en servait à des fins distrayantes ou lorsque le temps lui manquait, tout simplement pour obtenir des informations. Quoi qu'il en soit, il était temps de revenir sur Terre. Le départ lui tardait et elle devait encore se préparer. L'entrevue avec l'assasin pouvait être certes intéressante, mais les ordres du Maîtres passaient avant tout le reste.. De même que son ambition.

L'histoire personnelle de Khaedril était interessante. Ainsi il avait été formé par un Numénoréen.. peut être bien que toutes les histoires qui courraient à son sujet étaient vraies. De son côté Alaena n'avait aucune envie de lui exposer les raisons pour lesquelles elle en était arrivée là. Si il y avait bien une faiblesse à exploiter chez elle, c'était son passé.

"Vous êtes bien comme on vous m'a décrite... Le peu que je sais de vous se résume à une personne ayant des ambitions et ne reculant devant rien pour les atteindre... Au passage, c'est une bonne chose d'avoir toujours une arme sur soi, mais je vous conseillerai d'attacher vos fourreaux à vos membres par des lanières, de façon à ce qu'ils ne tintent pas quand vous vous déplacez..."

Un grain de malice diabolique au fond des yeux, Alaena ne put s'empêcher de receuillir le compliment comme il se doit.

" Et croyez bien que le peu que je sais de vous confirme ce que j'ai pu voir jusqu'à maintenant. Pour mes lanières, ne vous en faites pas pour moi, je suis une grande fille qui sait se défendre. C'est parfois une facon d'avoir la paix. Peu de gens osent vous affronter quand ils voient la taille de votre armement, vous devez être bien placé pour le savoir.."

Son regard se porta sur la collection impressionnante d'armes de l'assassin.

" Mais bien sur, nous savons que ce n'est pas l'arme qui fait le meurtrier.. Bien, sur ce.."

Sans lui laisser le temps de répondre plus en avant, elle eut un raide salut, montre du respect envers l'individu malgré le peu d'importance qu'elle accordait d'habitude aux humains. Peu rassurée tout de même, elle lui tourna le dos et franchit la porte. Sa prochaine destination serait ses appartements ou elle devrait rassembler les cartes qui lui seraient utiles ainsi que quelques supports pour envoyer des messages. Puis elle irait a dos de cheval loin de cette terre du mal, loin des horreurs qu'elle engendrait. Ce qui en soi ne lui faisait pas plaisir parce qu'enfin elle avait trouvé un endroit qui lui ressemblait..

Khaedril regarda la jeune femme partir avec un sourire sur les lèvres, laissant son regard glisser sur les formes parfaites de son corps... Si il en avait l'occasion... Le sourire se dissipa... Pour l'heure... Il se retourna à une vitesse surprenante, envoyant sa dague se ficher dans le coeur d'un mannequin d'entraînement. Il avait encore quelques unes de ses capacités à récupérer... Même si il était en bonne voie d'y parvenir... Il récupéra l'arme. Il lui fallait autre chose pour être fin près à sa mission... À tout hasard, il se dirigea vers un bureau d'alchimie, et commença à préparer quelques drogues... Si ses talents martiaux, bien qu'impressionnants, étaient égalés par certaines personnes, voir dépassés par d'autres, il ne connaissait pas d'humains capables de maîtriser l'art subtil des poisons avec autant de perfection que lui... Il se vantait même de pouvoir donner du fil à retordre aux elfes, sauf aux plus puissants...
Il se mit en devoir de concocter cinq potions tirées de son répertoire... Le Sang de l'Hydre, à base de venin de cône des mers du sud, était capable de terrasser un homme avant qu'il ne se rende compte qu'il venait d'être blessé. Le Cristal d'Argent, ainsi nommé à cause de son aspect granuleux tant qu'il n'était pas dissous, capable de paralyser pendant 24 heures, en doses suffisantes... Le Lourd Fardeau, un puissant somnifère... Et son préféré, le Cauchemar... Capable de faire vivre ses pires cauchemars à la victime, c'était un moyen très efficace de la faire parler... L'inconvénient était les séquelles psychologiques à trop fortes doses...
Il sourit, préparant ses plus fidèles alliées...

Sauron venait de recevoir le message envoyé par l'empereur Herinumen le conviant à un conseil.A vrai dire,cela l'avait bien fait rire mais il s'était rappelé que ce pauvre sire avait été formé par Saroumane et que ce conseil devait cacher quelque chose de plus vaste que ne laissait présager les mots du message.Aussi avait-il conclu qu'il devait envoyer un représentant.Et qui mieux que la désormais redoutée et efficace chef des renseignements,la dame Alaena.Si peu de monde l'avaient croisé ces derniers temps,la Tour Noire ne vivait que pour servir Sauron,et ce dernier n'avait pas besoin de chercher puisqu'il trouvait toujours?Sur un geste de lui,la masse servile s'empressa d'obéir à ses ordres et comme les fils tendus d'une araignée,ne tardèrent pas à trouver leur proie.On fit parvenir la convocation du Seigneur Noir à Alaena avec l'ordre express de venir le trouver dans la salle du trône.
Et comme tout un chacun le savait,Sauron n'aimait pas attendre ses serviteurs.